Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 6]

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s

ÉTUDE

SUR

L'INDUSTRIE

DU

FER

« 11 est à remarquer (*) que la production de la fonte dans le département des Ardennes a continuellement baissé pendant ces dernières années; aussi l'avenir métallurgique de ce département nous paraît être dans la fabrication du fer et spécialement de la tôle. On comprend que, par suite de l'abaissement considérable du prix de vente et de la cherté relative des minerais de fer, la fonte ne puisse plus se fabriquer dans les Ardennes à des prix de revient rémunérateurs. C'est à la Moselle et à la Meurthe, pourvus de riches gisements d'une exploitation facile, que doit être- réservée cette fabrication. » Les prévisions de M. Nivoit se sont réalisées jusqu'à l'heure actuelle ; dans le département n'existent plus de hauts fourneaux en activité ; c'est en 1894 que le dernier, celui de Vireux-Molhain, fut mis hors feu. En considérant la fabrication du fer dans les feux d'affinerie, poursuit M. Meyrac, on voit que les premières forges, au nombre de 2, ont été construites en 1550 ; — 10 ou 12 l'ont été de 1614 à 1650; — 2, en 1680 et 1690; — puis un siècle s'est écoulé pendant lequel cette fabrication n'a pris aucun développement; — en 1790, 12 nouveaux foyers sont mis à feu ; — 8 autres forges s'élèvent de 1811 à 1818; — 11, de 1823 à 1828. Enfin 8 affineries sont établies pendant les années 1834, 1836, 1837, 1838 et 1849. L'extension qu'a prise l'affinage de la fonte en 1814 et 1815 a pour cause le rapprochement de la frontière belge. Avant cette époque, une grande partie du fer de platinerie provenait du Luxembourg. La fabrication du fer au moyen de la houille a été introduite dans le département, en 1824, par un Anglais qui venait de monter des fours à puddler à Couvin (Belgique). Cette fabrication n'a commencé réellement à se développer qu'en 1825, 1827 et 1828. Elle a pris un nouvel accrois(*) NIVOIT,

l. c, p. 215.

DANS

LES

ARDENNES

FRANÇAISES

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sèment bien faible en 1835; l'introduction de la méthode anglaise n'amena la suppression que d'un petit nombre de foyers d'affinage au charbon de bois. Ce n'est que plus tard, à cause du bas prix auquel sont descendus les fers, que la méthode anglaise supplanta l'affinage au charbon de bois. Aujourd'hui, comme partout d'ailleurs, le puddlage tend à son tour à disparaître, et avec lui la fabrication du fer marchand. Nous verrons plus loin ce qu'il en reste dans les Ardennes. La fabrication du petit fer au martinet ne s'est guère développée que vers 1790. Cependant il paraît que le martinet d'Haraucourt existait déjà en 1700. Ce n'est qu'en 1827 que des cylindres ont été substitués aux martinets. Avant 1812 il n'existait que deux fonderies dans les Ardennes : celle d'Haraimourt et celle de Linchamps, qui datent de 1700 et 1750. Celle de Saint-Nicolas fut montée en 1812. La fabrication des clous ayant pris une grande extension dans les environs de Charleville, plusieurs fabriques nouvelles furent établies en 1821, 1824, 1825 et 1827. Le premier laminoir à tôle des Ardennes et, dit-on, le premier de la France, fut construit à Givonne en 1790. Les 3 suivants datent de 1795 ; un autre, de 1812. Il y eut dans la fabrication de la tôle une extension considérable vers l'année 1823, et, de 1823 à 1828, 6 nouveaux laminoirs furent élevés. Enfin, dix autres marchent depuis 1834; puis, à partir de cette époque, la production de la tôle s'est beaucoup accrue. Après ce coup d'œil rétrospectif, abordons, selon les divisions indiquées précédemment, l'étude détaillée de la vallée de la Meuse. Nous commencerons, comme il est rationnel, par l'élaboration des matières premières, c'està-dire les usines à fer et tôleries.