Annales des Mines (1906, série 10, volume 10) [Image 41]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

76

LES BASSINS LIGNITIFÈRES

ET

DES

HOUILLERS

(Pl. IV, fig. 2) et qui offre une représentation graphique saisissante du phénomène. - La courbe de la production des bassins du Nord et du Pas-de-Calais coupe la courbe de la production totale des bassins des Montagnes Rocheuses, et, quoique la production de ces deux bassins français ait augmenté de plus de 50 p. 100 en quatorze ans, elle ne peut se comparer avec celle des bassins des Montagnes Rocheuses, qui a passé de 9.500.000 tonnes en 1890 à 26 millions de tonnes en 1905, c'est-à-dire a augmenté de 282 p. 100. Le contraste entre la courbe représentant la production des bassins français autres que ceux du Nord et du Pas-de-Calais et celle des bassins du versant occidental des Montagnes Rocheuses, qui la coupe, offre un contraste encore plus grand. Tout semble promettre que la production des bassins charbonneux des Montagnes Rocheuses continuera d'augmenter dans l'avenir dans une proportion au moins égale à celle du passé, et il ne serait nullement surprenant de voir l'année 1920 marquée par une production de 100 millions de tonnes. Il est difficile d'estimer d'une manière exacte l'étendue des bassins charbonneux des Montagnes Rocheuses, parce qu'une partie du pays est encore peu connue et que de nouveaux bassins sont encore découverts de temps à autre. Des auteurs dignes de foi donnent le chiffre de 113.386 kilomètres carrés, soit un cinquième de l'étendue de la France, pour la superficie des bassins charbonneux des Montagnes Rocheuses, et ils estiment le tonnage exploitable à 33 milliards de tonnes. Si nous passons de la production totale à la production par ouvrier par jour ou par année, et au nombre de journées de travail, une étude comparative donne des résultats intéressants, qui montrent combien les mines de charbon des Montagnes Rocheuses se trou-

MONTAGNES

77

ROCHEUSES

vent dans des conditions extraordinairement favorables. Le nombre des journées de travail par année en France est de 1 à 10 p. 100 plus fort que dans les mines des Montagnes Rocheuses. Par contre, au lieu de moins d'une tonne par jour, qui est la production moyenne d'un ouvrier en France, un ouvrier mineur, dans les Montagnes Rocheuses, produit de 1,33 à 4,63 tonnes de charbon par jour, soit de 30 à 35 p. 100 en plus. La raison en est simple. Les mines de houille, en France, sont obligées de remblayer, tandis que, dans les Montagnes Rocheuses, oit les Compagnies minières possèdent la surface du sol aussi bien que le sous-sol et où, dans la plupart des cas, la surface du sol n'a qu'une valeur nominale, elles laissent le toit de la veine s'effondrer après que la houille a été extraite et ne font aucun travail de remblayage. Le tassement naturel du sol leur suffit. Une autre conséquence est le coût très inférieur de la houille sur le carreau de la mine, en dépit de salaires extrêmement élevés payés aux ouvriers. Ces différentes données statistiques sont tirées des tableaux suivants (*) : TABLEAU

II.

France Californie Colorado Montana Nouveau-Mexique . Oregon Utah Washington Wyoming

— PRODUCTION JOURNALIÈRE

PAR

OUVRIER (**).

1899

1900

1901

1902

1903

1904

tonnes 0,742 1,69 2,16 2.86 2.56 3.24 4,38 2,59 4,25

tonnes 0.721 1,61 2,92 3.04 2,69 1.09 4.03 2.60 4,23

tonnes 0,681 1,33 2,78 3,18 2,14 1.76 3,20 2.20 3^87

tonnes 0.070 1.47 3,48 3,28 2,91 1,20 3,26 2,43 3,74

tonnes 0,706 1,88 3,20 2,99 3,70 1.64 3,35 2,99 4,05

tonnes 0.689 1,69 3,20 2,27 3,51 0.54 3,76 2,80 3,55

(*) Les tonnes employées sont la tonne métrique partout, excepté dans les tableaux IX et X, dans lesquels la «short ton» de 2.000 livres est employée. Le dollar est toujours calculé comme valant 5 francs. (**) Les statistiques sont données pour les ouvriers de la surface et du fond, sans distinction, partout où une exception à cette règle n'est pas expressément mentionnée.