Annales des Mines (1905, série 10, volume 7) [Image 52]

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NOTE

SUR

LA

RECONNAISSANCE

D'UN

NIVEAU

AQUIFÈRE

qui a séjourné deux ans dans la région et qui a étudié spécialement la stratigraphie des marnes vertes au point de vue du cuivre, une bonne coupe transversale Nord-Sud de la vallée d'Ain Sefra passant par l'oasis de Tiout (fig. 2, Pl. III), qui indique clairement le mode de plissement des terrains crétacés. On voit le néocomien grimper sur le flanc des montagnes et se mettre en plateure sur les sommets-: ensuite succède sur les pentes une zone brisée d'isoclinaux avec venues ophitiques où apparaissent fréquemment les marnes vertes avec des pandages variables, souvent renversés, qu'il est parfois difficile de débrouiller. Les recouvrements et répétitions par écailles sont aussi très nombreux (fig. 6, Pl. III). Synclinaux « barrés ». — Les synclinaux « barrés », c'est-à-dire ceux dans lesquels les marnes vertes relevées sur tous leurs bords constituent des fonds de bateau étanches, donnent naissance, à leur point le plus bas, à des sources naturelles, si, par suite des érosions ou de la forme du terrain, ce déversoir naturel affleure à la surface. C'est le cas pour l'oasis de Tiout. Si le déversoir reste recouvert par des morts-terrains, il est perdu pour l'utilisation, à moins qu'on n'aille le recouper par une galerie souterraine partant d'un niveau convenable. On est guidé dans ce cas par les puits qui, dès qu'ils atteignent la nappe souterraine d'écoulement, donnent de l'eau en abondance. Chaque cuvette de marnes vertes doit donc correspondre à une source, visible ou cachée : lorsque l'écoulement par déversoir est proche de la surface, il se manifeste par des suintements, c'est le cas pour le petitsynclinal barré d'Ain el Mandib, à 4 kilomètres au Sud de Tiout : un très petit travail en galerie, peut-être môme une simple tranchée pratiquée au sommet des marnes vertes qui affleurent dans le ravin, débridera cet écoule!

DANS

LE

SUD-ORANAIS

ET

DANS

LE

SUD-MAROCAIN

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ment et fournira de l'eau en quantité largement suffisante pour les tribus voisines (fig. 2, Pl. III). Un autre bon exemple de captage à faire dans les marnes vertes se trouve sur la route de Sfissifa à Forthassa, au 28 e kilomètre. Dans une profonde échancrure des grès albiens, apparaissent les marnes vertes au sein desquelles les indigènes ont creusé un puits où l'eau vient affleurerai! ras de la margelle. En pratiquant une galerie dans le contact et en la ramifiant en croix, on pourrait à très peu de frais transformer ce puits en une fontaine naturelle. Au moment de mon passage, les nomades y abreuvaient avec peine, au moyen de la guerbah, leurs troupeaux de moutons et de chèvres (fig. 3, PL III). La même coupe géologique prolongée jusqu'au bord du chott Tigri montre l'origine des abondantes sources naturelles échelonnées sur la lèvre méridionale de cette grande dépression, qui s'étend au Maroc (Voir fig. 2-, Pl. II, et fig. 3, Pl. III) sur une longueur déplus de 100 kilomètres. La pente générale des couches, assez faible entre le 28 e et le 40" kilomètre de la nouvelle route, se relève à l'approche du chott Tigri et finit par un escarpement assez. abrupt le long de la ligne d'effondrement qui constitue le bord Sud de la dépression. Le jurassique se présente sur cette tranche, avec ses calcaires noirs, entremêlés de marnes en lits minces. De grands bancs de dolomie y font aussi leur apparition, accompagnés de gîtes de cuivre gris. Cette coupe est à rapprocher de celle que j'ai relevée dans la région du Djebel Maiz et du Djebel Grouz, au Nord de Figuig (fig. 4, Pl. III). J'ai trouvé, à l'état de caillou isolé, une Gryphée arquée dans les éboulis calcaires de la chaîne bordière du chott Tigri. De grands bancs horizontaux de travertins récents soulignent tout le rebord externe de l'effondrement Tigri. L'émission se continue actuellement sous la forme de Tome VII, 1905.

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