Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 212]

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AFFAISSEMENTS PRODUITS PAR L'EXPLOITATION DU SEL

ment inépuisable d'eau saturée. On y réussissait dans les concessions de Sommerviller, Dombasle, Crévic, Portieux, Saint-Laurent ; à Flainval, on retrouvait la nappe voisine au bout de quelques années d'exploitation. Dans les autres concessions, groupées, comme les précédentes, le long des voies de communication, canal et chemin de fer, entre Einville et Nancy, on ne trouvait que les bancs de sel secs et on devait les exploiter en y créant progressivement des chambres de dissolution ; l'eau douce, rencontrée par les sondages mêmes et descendant par eux jusqu'au sel, suffisait en général; quelquefois, comme aux Aulnois, au Pont-de-Saint-Phlin, à Bosserville et à Tomblaine, il fallait les alimenter en eau douce prélevée au voisinage. Cette exploitation par chambres de dissolution devait amener l'éboulement des terrains supérieurs. En 1876 à Art-sur-Meurthe, en 1879 à Saint- Nicolas, des affaissements du sol se manifestèrent assez brusquement. A la suite d'une longue étude administrative, on institua, pour le canal et pour le chemin de fer, des rayons de protection de 250 et 500 mètres, avec effet rétroactif, sauf pour les sondages exploitant des nappes préexistantes, jugés aussi inoffensifs que des sources naturelles. Ce ne fut pas sansétonnement qu'à partir de 1886 et surtout depuis dix ans on vit se produire, s'étendre et se multiplier, dans la région de ces sondages-sources, des affaissements lents et progressifs, intéressant notamment les grandes voies de communication. Une nouvelle enquête fut ordonnée par le Ministère en 1898; elle vient d'aboutir à des résultats, provisoires peut-être, mais assez intéressants. A part l'effondrement de 1873, l'exploitation des trois mines de sel de Meurthe-et-Moselle (Rosières-Varangéville, Saint-Nicolas, Saint-Laurent) n'a joué aucun rôle dans les affaissements du sol. Leur solidité paraît, actuellement, à toute épreuve. Nous n'insisterons donc pas sur

EN MEURTHE-ET-MOSELLE

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ces exploitations, bien connues depuis longtemps et pour lesquelles aucun fait nouveau ne mérite de nouvelles descriptions. Nous signalerons seulement, en passant, qu'elles vont toutes être munies, d'ici quelques mois, d'une deuxième communication avec le jour. Nous nous bornerons donc à l'étude des exploitations d'eau salée, qui extraient annuellement 450.000 tonnes de sel contre 100.000 obtenues dans les mines. Nous donnons en annexe (p. 488-489) tous les autres renseignements utiles sur la situation actuelle de l'industrie salicole.

CHAPITRE II.

/ EXPLOITATIONS PAR CHAMBRES DE DISSOLUTION (LAC SOUTERRAIN).

I. Généralités. — 1° Arrivée de l'eau douce. — Quand un sondage d'extraction d'eau salée ne rencontre pas de nappe salée naturelle et pénètre dans un gisement sec, il faut fournir l'eau douce, en la laissant descendre depuis les niveaux naturels supérieurs, à l'extérieur du tubage, ou en l'envoyant systématiquement, à l'intérieur de ce tubage, quand les niveaux en question sont insuffisants pour satisfaire à l'extraction que l'on a en vue. Le sondage est à la fois extracteur d'eau salée et adducteur d'eau douce dans la chambre de dissolution, qui se crée ainsi, à son pied, progressivement, au fur et à mesure de l'extraction du sel. L'eau saturée, la plus dense, tend à se réunir au fond de cette chambre. Quand, au début, celle-ci est encore peu volumineuse, dès que la pompe, placée dans une colonne aspirante et élévatoire concentrique au tubage et aussi étanche que possible, a extrait le volume d'eau saturée