Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 209]

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AFFAISSEMENTS PRODUITS PAR L 'EXPLOITATION DU SEL

à 16° et fournit 2.000 muids d'eau, mesure de Paris, par vingt-quatre heures, dont le cinquième s'écoule à MoyenVie depuis 1746 et y épargne 3.000 cordes de bois par année, suivant M. Guettard. » Ces salines de Dieuze semblent avoir été les plus anciennes (*). Piroux parle ainsi de Château-Salins :■ « Isabelle d'Autriche, veuve de Ferri IV, bâtit vers 1340 le Château-Salins, où l'on attira la source d'Amelincourt, qui est à 11°. Ademare, évêque de Metz, prit et démolit cette forteresse en 1348. Enfin, Thiery, son successeur, Jean, duc de Lorraine, et Robert, duc de Bar, convinrent, en 1381, de rendre communs entre eux les puits salés de Château-Salins et de Salonne. » Pour Moyen-Vie, il écrit : « Les salines de Moyenvic sont à 10° ; elles apparte(*) Notre enfance s'est écoulée dans un village voisin de Dieuze, à Lindre, sur le bord du grand étang de ce nom où la Seille prend sa source. Les vieillards du pays avaient souvenir d'une source d'eau salée, voisine de la Seille, en aval de l'étang, exploitée localement pour la consommation personnelle des habitants du village. Ces « bouilleurs de cru », portés à la fraude par les hauts prix du sel, cherchaient souvent à en vendre dans le voisinage et avaient alors, maille à partir avec la force publique. L'étang de Lindre a été créé, au moyen âge, par la construction d'une digue, sur des marécages naturels dont l'origine parait être l'affaissement du sol, consécutif à la dissolution des affleurements de la formation salifère, comme pour les étangs du Cheshire. Avant la construction de la digue de cet étang, les marécages, disposés en fer à. cheval, constituaient, à l'époque romaine, une position stratégique au centre de laquelle les successeurs de César avaient fait élever un oppidum, sur les ruines duquel s'élève aujourd'hui l'humble village de Tarquimpol (Tarquini Palus), qui occupe une presqu'île de l'étang substitué aux marais. Le rôle stratégique de l'étang de Lindre, né des affaissements consécutifs à la dissolution du sel, n'a pas disparu avec les Césars. Quand Metz avait encore des fossés, Lindre en était le réservoir, la Seille la conduite alimentaire. Aujourd'hui, la vallée de la Seille, zone stratégique de premier ordre sur la nouvelle frontière, est à la merci des inondations que peut y déchaîner l'ouverture des vannes de la digue de Lindre. Aussi le régime hydraulique de l'étang est-il soumis au contrôle de l'autorité militaire allemande.

EN MEURTHE-ET-MOSELLE

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naient en 1063 aux chanoines de Saint-Gengoult de Toul, qui les affermèrent en 1380 à leur évêque, aux religieux de la Crette et à ceux de Notre-Dame-de-Vaux t pour 5 muids de sel par an. Ils les ont cédées ensuite, aux mêmes conditions, à l'évèque de Metz, qui les vendit au duc de Lorraine en 1571. Le roi Louis XIII, ayant assiégé en personne Moyenvic (*), où le baron de Mercy s'étoit jeté en mars 1631, cette place capitula le 27 décembre et futcédée a Sa Majesté en 1648, parla paix de Munster, avec les villes de Metz, Toul et Verdun, du consentement de l'empereur et des États de l'Empire. Le duc Charles IV y renonça par le traité de Vincennes en 1661, à charge que le roi lui donneroit annuellement les 400 muids de sel que le duc devoit fournir aux sujets de l'évoque de Metz. La Lorraine ayant été rendue à son duc par la paix de Ryswick du 20 septembre 1697, le roi retint, conformément au traité de 1661, la saline de Moyenvic. On y façonnoit alors environ 9.000 muids de sel, ce qui étoit plus que suffisant pour la consommation des Trois Évêchés et de l'Alsace » (**) . D'autres sources et d'autres salines anciennes ont existé dans le Saulnois, mais les trois précédentes étaient les seules exploitées à l'époque de Piroux. Les fermiers du sel, au xvin 0 siècle, cherchaient à concentrer la production et à n'exploiter que les sources les plus riches. Ils cherchaient à détruire les autres, qui, abandonnées par eux, eussent été exploitées localement par des fraudeurs. C'est peut-être ainsi qu'en 1756 fut perdue la source de Rosières-aux-Salines, berceau de notre industrie salicole restée française. Piroux raconte ainsi son histoire : (*) Le colonel Cratz s'était emparé, en 1627, de Vie et de Moyenvic pour l'empereur Ferdinand, de concert avec le duc Charles IV, qui fit les frais de la citadelle qu'on se mit à bâtir dans cette dernière ville. (**) Dieuze était alors en ruines.