Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 133]

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NOTICE SUR M. A. PARRAN

divers de ses amis et notamment de Billy, inspecteur général des Mines. Une réunion fut tenue chez Parran, à la suite de laquelle le projet parut entrer dans la période v définitive d'exécution. Les engagements signés sur son bureau devaient être valables le jour où le capital souscrit aurait atteint 300.000 francs. L'entreprise était trop hardie sans doute; elle échoua. MM. Ch. Friedel et de Clermont ne se rebutèrent pas; ils pensèrent que la meilleure méthode pour aboutir était celle du fait accompli. En octobre 1873, ils s'arrangèrent de façon à créer pour leurs enfants un cours qui s'ouvrit rue des Écoles, dans un rez-de-chaussée constituant antérieurement une boutique; ce fut l'embryon d'où devait sortir l'École alsacienne. Devant le succès obtenu par cette tentative, l'École se fondait, en effet, l'année suivante, sous les auspices d'une Société anonyme dont le Conseil d'administration élisait Parran pour Président. Il devait garder ces fonctions jusqu'à sa mort. L'École avait modestement commencé rue Vavin ; en octobre 187(3, la section classique était transférée rue d'Assas, la section élémentaire restant dans son ancien local. En 1881, les deux sections étaient réunies dans les bâtiments spécialement construits pour elles rue Notre-Dame-desChamps, 109, et rue d'Assas, 128. L'École alsacienne poursuivait un double but : une réforme de l'enseignement, qui devait reposer sur des interrogations plus que sur des devoirs écrits, où l'étude du latin était reculée pour faire prédominer au début les langues vivantes sérieusement pratiquées ; une modification de l'éducation, en supprimant les places et les prix et en substituant à la discipline par les punitions celle reposant sur l'idée de responsabilité à inculquer à l'enfant. Les Annuaires de l'École alsacienne montrent, par les diverses carrières de ses anciens élèves, les résultats obtenus, et ces élèves tiennent une place spécialement

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honorable dans les Annuaires de l'Ecole polytechnique et de notre Corps des Mines. Jusqu'à sa mort Parran, pour reconnaître l'honneur que lui conférait la présidence du Conseil d'administration, n'a cessé d'entourer l'institution de son plus chaud dévouement en lui apportant les ressources de sa grande expérience des affaires et, nul ne l'ignore, en lui ouvrant largement sa bourse. Une telle vie méritait la mort qui l'a terminée. Après sa journée dûment remplie à son bureau comme à l'ordinaire, Parran, sans qu'aucun indice en eût averti, fut, à son arrivée chez lui, frappé d'une attaque d'apoplexie. Il mourait quarante-huit heures après, sans avoir repris connaissance. Il est tombé debout, en pleine vigueur, en plein travail, comme un bon ouvrier. La destinée lui a évité les souffrances de la maladie et des infirmités comme les tristesses des déchéances. A l'annonce de sa mort n'a été mêlée nulle pensée d'une délivrance qu'on lui eût souhaitée ; il a laissé le seul regret de le voir disparaître à tous ceux qui avaient aimé l'homme, estimé son intelligence, sa droiture et sa bonté, et apprécié les nombreuses et grandes choses qu'il avait faites avec simplicité.