Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 124]

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major de l'École polytechnique de la promotion de Parran, pour l'exploitation du gi te de fer de Soumahprès d'Alger, dont on ne tarda pas à reconnaître L'inexploitabilité. En 1874, cette Société s'était reportée sur le gîte de Rar-ElBaroud, à 3 kilomètres et demi au Sud de la crique de Beni-Saf et à 8 kilomètres à l'Est de l'embouchure de la Tafna. Ce gîte est d'une tout autre nature et plus important que celui de Mokta; c'est un énorme amas filonien donnant une hématite très pure à 58 p. 100 de teneur à l'état sec. Pour pouvoir tirer parti de ce gite, la Société avait commencé à Beni-Saf, dans l'échancrure que présente en ce point la falaise abrupte qui borde toute cette côte, un port de 15 hectares, entouré de jetées de trois côtés, qui devait coûter quatre millions, mais qui permettrait d'embarquer, par tout temps, les quantités considérables que ce gîte paraissait pouvoir produire. La Société de Soumah et la Tafna avait-elle entrepris une œuvre trop considérable pour elle? Lui manqua-t-il cette foi qu'avait Parran dans ses affaires? En tout cas elle fut amenée à se fusionner, à partir du 1 er janvier 1879, avec la Société de Mokta, dont le capital fut porté à cet effet de 15 millions à 18.333.500 francs. L'intervention de cette dernière Société permit d'achever les installations commencées ; et elles furent exécutées de façon à effectuer le chargement des plus gros bateaux avec une rapidité particulière. Dès 1880, on expédiait 205.000 tonnes, et le gîte aura fourni en fin de 1903 quelque 7 millions de tonnes par un aménagement qui rappelle, dans ses grandes lignes, le ciel ouvert originaire de Mokta. Seulement, à Beni-Saf, l'exploitation ne laisse pas encore deviner ces indices d'affaiblissement qui s'étaient si vite révélés à Mokta. Rocard avait passé, avec son gîte et ses installations, au service de la Société de Mokta. Parran, tant que son camarade vécut, lui laissa la direction effective, au point

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de vue technique, de cette partie de l'entreprise. Rocard mourait en 1884 et, à partir de cette date, Parran étendit son action directe et immédiate sur cette division de son domaine comme sur celle de Bône. Il augmenta successivement la première en adjoignant au gîte de Rar-ElBaroud, que les bizarreries de notre législation ont laissé dans les minières, les concessions voisines de Camerata et de Dar-Rih, qui contiennent des gîtes analogues, mais d'une importance bien moindre; et le groupe de Beni-Saf put s'élever à une production de 350 à 400.000 tonnes, qui allaient dans toutes les usines non seulement du continent, niais de l'Amérique, fabriquant de l'acier au convertisseur acide. A Bône, cependant , l'exploitation de Mokta allait en déclinant et, ainsi que nous l'avons dit, elle peut être considérée comme terminée industriellement en ce moment. De l'entreprise grandiose d'exploitation minérale qui y aura brillé d'un grand éclat pendant une période, malheureusement trop courte, il ne restera que l'exploitation d'un chemin de fer public. Avec une largeur de vues qui est assez rare en pareille matière, Parran avait demandé et obtenu que le chemin de fer entre Bône et Mokta, établi comme chemin de fer « industriel » et partant destiné en réalité au seul service de la mine, fût ouvert dès 1885 au service public sur ses 35 kilomètres. Plus tard même, il demanda et obtint le classement de son prolongement jusqu'à Saint-Charles, sur 65 kilomètres, comme chemin de fer d'intérêt local, de façon à réaliser et exploiter une ligne, à voie de 1 mètre, de 100 kilomètres de développement, réalisant la jonction la plus directe entre les deux grandes villes algériennes de Bône et de Philippeville. C'est tout ce qui restera matériellement de l'affaire de Mokta dans ces parages! Parran avait bien espéré un instant ne pas être obligé daller chercher.de l'autre côté de l'Algérie les gîtes qui