Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 122]

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NOTICE SUR M. A. PARRAN

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NOTICE SUR M. A. PARRAN

et même, s'ils ne sont pas exploités électriquement, nous serions disposés à les trouver d'un type déjà arriéré. Il ne faut pas oublier, pour apprécier sainement les choses, que, lorsque Parran établissait ce chemin de fer, comme lorsqu'il refaisait et armait celui deMokta, il y a quelque quarante ans, c'étaient des innovations, et assez rares. On en a la preuve dans la véritable sensation que fit dans le monde industriel le mémoire de M. Ch. Ledouxf*), en 1874, sur les chemins de fer industriels à voie étroite, mémoire où sont précisément décrits les deux chemins de fer de l'Algérie et du Gard de la Société deMokta. Afin do tirer le meilleur parti de ces installations de la Jasse et de mettre à fruit la houillère contigué de Comberedonde, Parran, sans découragement au sujet de ces exploitations du Gard, amodia cette dernière mine en 1873 à la société de Vialas et Villefort, à laquelle elle appartenait et qui se trouvait dans l'impossibilité absolue de l'exploiter, à raison de la situation topographique delà houillère, perdue dans la haute montagne. Parran pouvait, au contraire, pousser jusque-là son chemin de fer de Cessous, dont la voie principale devait atteindre à cet effet 5.500 mètres, dont 4.220 en souterrain. Si dans l'autre houillère, celle des Salles et Montalet,la proximité du chemin de fer P.-L.-M. supprimait les difficultés de cette nature, c'était le gite lui-même dont les ressources étaient insuffisantes, au moins dans ses parties hautes. Parran fonça vaillamment le puits de Gagnières jusqu'à 800 mètres, profondeur d'autant plus énorme qu'une bonne partie du bassin du Gard était encore exploitée par galeries ou à très petite profondeur, pour rencontrer un faisceau moins ingrat qui pourra un jour donner la récompense directe de tant de science et de tant d'efforts. (*) Description ruisonnée de quelques chemins de fer à voie étroite (Annales des Mines, 1' série, t. V ; tirage à part, 1874).

Il comprenait si bien et avec des vues si larges le rôle •que doit jouer une grande et riche société minière dans le développement autour d'elle de l'industrie extractive que quelques années après, en 1883, il n'hésitait pas à accroître son domaine du Gard des derniers débris de cette vieille Société do Villefort et Vialas, à laquelle les travaux de son ingénieur-conseil Rivot avaient, vingt ans avant, donné une célébrité particulière. Parran acquit ainsi l'antique mine de plomb que la société qui la possédait, épuisée, ne voulait plus exploiter. Peut-être fut-il quelque peu poussé à cette détermination par ses goûts très vifs pour les gîtes métallifères. Mais il était un directeur trop avisé pour s'obstiner contre la nature. La baisse du plomb et surtout celle de l'argent, qui faisait la principale valeur des minerais de Vialas, laissaient trop peu d'espoir de donner à ces gîtes le moindre développement rationnel et justifié. Parran ne fit exécuter que quelques travaux de médiocre importance et, en 1894, il abandonnait définitivement la partie. Entre temps, des préoccupations autrement graves, bien que de nature diverse, devaient retenir son attention sur le gîte de Mokta, dont dépendait alors en somme toute l'entreprise. En 1873, alors que l'on n'avait extrait depuis l'origine que quelque 1.500.000 tonnes, il était déjà visible que l'exploitation souterraine devait bientôt commencer avec une augmentation des charges et de sérieuses appréhensions pour la continuité de l'extraction future ; et juste à ce moment, par suite de vices dans la rédaction du titre d'institution des concessions, par suite du gâchis de la législation, plus inextricable encore en Algérie qu'en France, sur la distinction des minerais de fer concessibles et inconcessibles, une contestation était soulevée par un propriétaire du sol, qui n'allait à rien moins qu'à réclamer à la Société tous ses bénéfices passés et futurs. Tome V, 1904.

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