Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 235]

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RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE LES MINES DE NICKEL

nickelifères peut, et doit même, produire un peu partout dans des conditions analogues des gisements du même' genre. Ici le nickel, déjà plus abondant dans la roche mère, se sera plus aisément concentré jusqu'à une teneur exploitable ; là, au contraire, les minerais qu'il aura pu. former seront plus pauvres ; ici des fissures nombreuses ouvertes dans les roches auront, pendant de longues années, offert un passage auxdites solutions nickelifères qui y auront déposé de riches et abondantes concrétions de minerai, pouvant s'enfoncer jusqu'à plusieurs dizaines ou même une centaine de mètres de profondeur; là, au contraire, les eaux auront ruisselé sur des roches serpentinisées devenues poreuses et les auront imbibées denickel au point d'en faire des minerais exploitables ; plus loin elles auront trouvé leur chemin tout autour de blocs compacts de péridotite dans des matières terreuses et désagrégées sur lesquelles elles auront déposé leur métal en même temps qu'elles minéralisaient plus ou moins la superficie des blocs. Mais partout le nickel, dissous des roches démantelées, parait s'être concentré dans les points que la nature des roches ou la forme du terrain rendaient le plus favorables à son dépôt. On peut donc, à notre avis, espérer le rencontrer en gisements plus ou moinsriches successivement dans tous les massifs de péridotite de la colonie, car, bien que nos analyses n'aient naturellement porté que sur un nombre restreint d'échantillons, mais provenant des régions les plus diverses de la formation serpentineuse, nous croyons pouvoir affirmer que toutes les péridotites de la Nouvelle-Calédonie sont nickelifères. Nous nous séparons donc encore sur ce dernier point de M. Levât et aussi de M. Pelatan, qui, dans les mémoires que nous avons déjà si souvent cités, signalent un certain nombre d'alignements de massifs nickelifères ; pour M. Levât, ces alignements sont étroits, puisque la largeur

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des lignes suivant lesquelles se répartissent les districts nickelifères ne serait en général que de 600 à 800 mètres, et qu'en dehors d'elles il n'y aurait que des enrichissements locaux et sans continuité; M. Pelatan est déjà moins affirmatif, et fait simplement connaître que l'on a remarqué que les principaux gisements de nickel « se trouvent disposés suivant certains alignements spéciaux », mais que « les alignements nickelifères déjà bien déterminés sont nombreux » et qu' « il s'en trouve de plus ou moins notables dans tous les massifs serpentineux » ; pour lui, ceux qui méritent le mieux de fixer l'attention sont : 1° L'immense alignement qui suit les limites vers l'Ouest et vers le Nord du grand massif serpentineux du Sud sur plus de 100 kilomètres depuis le mont Dore jusqu'à Nakety, et qui englobe les mines de la Dumbéa, de la Tontouta, de la Ouenghi et surtout le célèbre district minier de Thio ; 2° L'alignement allant de la baie de la Rencontre à Thio sur la côte Est, et que jalonnent les mines de Ni, de Brindy et de Port-Bouquet; 3° L'alignement de Nakety au mont Arembo,qui passe par les mines de Canala, de Kouaoua et de Méré; 4° L'alignement du mont Boa au mont Adio, dans le centre de l'île, remarquable par les gîtes du mont Krapet; 5° L'alignement du mont Poya au mont Kopeto, avec les riches stockwerks, tout récemment découverts, des mines de Muéo et de Poya; 6° L'alignement du mont Koniambo au mont Katépahié. Il suffit, à notre avis, de jeter un coup d'œil sur la fig- 2 de la Pl. XI pour voir combien ces alignements s écartent souvent d'une ligne droite et combien de gisements signalés en sortent ; et on est dès lors amené à renoncer à un semblable groupement, et à constater simplement, f iu à part quelques exceptions que nous avons déjà mentionnées (extrémité Sud de l'île, massif du dôme de