Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 91]

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L'ORIGINE

ET

LES

CARACTÈRES DES

à olivine à structure granitique (*); soit, à son voisinage immédiat, dans les schistes archéens. L'apatite y est toujours un chloro-phosphate et non un fluo-phosphate (teneurs en chlore atteignant 5,08 p. 100), contrairement à la plupart des autres apatites, notamment celles du Canada, où le fluor l'emporte toujours de beaucoup sur le chlore, et à celles des filons d'étain, qui sont presque exclusivement fluorées; en même temps, la fluorine et les minéraux fluorés, topaze, béryl, etc., paraissent faire défaut à Oddegaarden. Cette apatite renferme souvent, en outre, un peu de carbure. On a reconnu la présence de traces de cérium, lanthane, didyme, yttrium, à Midbô et Snarum. Dans les filons d'apatite, il existe divers silicates magnésiens, tels que Fenstatite (très abondante), la hornblende, le mica magnésien, qui arrivent à former avec (*) Les gabbros norvégiens comprennent, comme je l'ai déjà rappelé, deux groupes principaux: vl) gabbros (ou hypérites) à olivine, composés d'olivine, (Hallage et plagioclase ; C) norites, formées de pyroxène rhombique el plagioclase. Ces dernières roches renferment les ségrégations de pyrrhotine nickélifère : les premières, les filons d'apatite. Les deux types de roches sont souvent très voisins les uns des autres. Leur intrusion atteint les dernières couches archéennes, mais non le silurien de Kristiania. Ils seraient donc, en majeure partie, postérieurs aux minerais de fer sédimentaires archéens. Le groupe des apatites du Sud de la Norvège, étudié par Vogt, occupe environ 4 10 kilomètres de long et 23 kilomètres de large, entre Lan gesund (Bamle) et Lillesand, et comprend iO ou 50 massifs de gabbro, qui occupent à peu près 1/80° de la superficie totale. Ce géologue y cite les gites de Bamle (Oddegaarden), Langô et Gomô, Kragerô, Risôr, Tvedestrand, Froland, Grimstad, tous dans ces gabbros (hypérites à olivine), ou à 2 ou 300 mètres au plus de leur limite. A Langô, il existe, notamment, des filons d'albite à oligiste et d'autres d'apatite, rutile, fertitané, otigistè, se rattachant aux premiers. La même association se retrouve dans les deux petits districts isolés de Snarum (50 kilomètres O. de Kristiania) et Niss edal (100 kilomètres N. de Arendal en Telemark). A Oddegaarden, on a pu sortir, depuis la découverte du gîte (m 187-2, environ 120.000 tonnes d'apatite surun total estimé en chiffres ronds à 200.000 tonnes; à Kragerô, entre 1834 et 1838, on en a retiré 5.000 tonnes: à Risôr, depuis 1870, on a produit quelques centaines de tonnes.

GISEMENTS

DE FER

SCANDINAVES

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l'apatite une véritable roche, parfois aussi un phosphate de magnésie fluoré) variété Kjérulfine). Le titane est presque constant dans ces mêmes filons, à l'état de rutile, fer titané, rarement pseudobrookite et anatase. La magnétite est assez fréquente, l'oligiste plus rare ; la pyrite, parfois nickélifère, et la chalcopyrite existent souvent. Il est à remarquer que les individus cristallins des filons d'apatite, aussi bien l'apatite elle-même que l'enstatite, la hornblende, le mica, le rutile, etc., sont, dans bien des cas, de dimensions extraordinaires : caractère que l'on retrouve dans la plupart des filons de granulite et de pegmatite, avec lesquels ceux-ci ont une relation possible, et qui peut difficilement s'interpréter autrement que par une cristallisation lente et tranquille, en présence de minéralisateurs énergiques. Les filons offrent une structure concrétionnée et souvent zonée, bien que les druses aient passé longtemps pour y faire défaut et soient, en définitive, plutôt exceptionnelles. D'après Vogt, ceux qui sont encaissés dans les terrains archéens renferment souvent du quartz, qui manque habituellement dans les filons au milieu du gabbro : ce qui ne pourrait s'expliquer que par un emprunt fait, dans le premier cas, aux roches encaissantes. Enfin, un fait tout particulièrement intéressant pour la genèse des filons d'apatite, que M. Michel Lévy a été le premier a reconnaître (*), est la transformation ordinaire qu'ont subie, au contact, les plagioclases des gabbros, devenus de la wernérite (skapolithe), c'est-à-dire, en résumé, imprégnés de chlorure de sodium adventif, parfois (*) Sur une roche à sphène, amphibole et wernérite granulitique des «mes d'apatite de Bamle (Bull. Soc. Min., 1870). - Voir aussi LACROIX contributions a l'étude des gneiss à pyroxène et des roches à wernérite \'oid., 1880) ; — et J.-W. Jeun (Min. Mag., t. VIII, 1891).