Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 35]

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L'ORIGINE ET LES CARACTÈRES

DES GISEMENTS DE FER SCANDINAVES

N.-H. et H.-V. Winchell ont décrits au milieu des gabbros du Minnesota (*).

avec les autres grands gisements de Laponie suédoise, dont il sera question ultérieurement, est celui deRoutivara en Norrbotten.

Ekersund, Lofoten, Krekling. — Dans le même ordre d'idées, j'ai décrit précédemment, ici même ('*), les concentrations de fer et de titane, qui se produisent sous la forme de magnétites titanifères et de fers titanés au milieu des gabbros norvégiens : concentrations surtout intéressantes par le phénomène qui y a rassemblé, dans des proportions notables, ce corps relativement rare, le titane (***);. Je me contente de rappeler : le cas d Ekersund-Soggendal, dans le Sud de la Norvège; celui des îles Lofoten et Westeraalen, où, dans une roche de labrador et d'hypersthène, s'est concentrée^ Andopen, une titano-magnétite, d'abord associée avec du labrador et du diallage, puis avec du diallage, et enfin isolée; enfin le gîte de Krekling (6 kilomètres Est de Kongsberg), où, dans un gabbro à diallage, des silicates ferro-magnésiens se sont concentrés avec 40 p. 100 de titano-magnétite et, fait exceptionnel, jusqu'à 25 p. 100 d'apatite. Enfin, le cas le plus remarquable de beaucoup dans cet ordre d'idées et celui qui nous intéresse tout particulièrement par son rapprochement géographique.

I

(*) Geol. nat. Hist. Survey of Minnesota, Bull. n° 6, 1891. (**) Annales des Mines, janvier 1903. (***) Dans le Canada et le Nord-Est des États-Unis, les gîtes analogues sont nombreux. Tels sont par exemple ceux de Port-Henry, dans l'Etat de NewvYork (KBMP, Trans. Ain. Inst. of Mining Engin., Chicago Meeting, février 1897, et Zeits. f. prakt. Geol., 1897, p. 318). On a là, dans les gneiss, au milieu d'un champ de Labradoritfels, ou anorthosite, des gabbros (diabases à gros grains), ayant subi un plissement précambrien. Des ségrégations de magnétite titanifère se sont faites dans le cœur des gabbros; des magnétites non tilanées forment, en outre, des veines au contact du gabbro ou au voisinage de ce gabbro. Ces veines sont en relation intime avec des pegmatites, contenant de la hornblende et de la magnétite, avec, accessoirement, de l'apatite, du zircon, de la titanite et de l'orthite cristallisée; on trouve de plus des masses de quartz à magnétite avec fluorine, dont nous aurons à nous rappeler l'existence en discutant la formation des gîtes de Gellivara.

Routivara (*). — Le gisement célèbre de Routivara est actuellement à peu près inaccessible (**), et sa très forte teneur en titane, jointe à cotte difficulté d'accès, le rend, jusqu'à nouvel ordre, sans valeur pratique et industrielle. Mais il ne constitue pas moins un énorme amas de fer, l'un des plus grands du inonde, dont la section horizontale, intermédiaire entre celle des deux grands gisements de Kirunavara et Gellivara, atteint 300.000 mètres' carrés (1.600 mètres sur 300). C'est, d'après les descriptions de MM. Petersson et Sjogren,un très beau type de Ségrégation ferro-titanée dans un massif de gabbro du groupe des hypérites à oiivine. Il est assez curieux, et je signale de suite le fait en passant, que ce gisement se trouve à peu près dans la même région què ceux de Gellivara et do Kirunavara, tous les trois ayant, au moins en apparence, une origine tout à fait différente et se présentant comme absolument indépendants les uns des autres. C'est une coïncidence trop remarquable pour ne pas avoir une cause naturelle, qu'il est peut-être permis de chercher (*) Sur Routivara, voir: 1893. WALFR. I'ETEHSSON, Om Routivare jtirnmalmsfàlt i Norbottens Lan (Geol. Fôren. Fôrh., n» 148, p. 45 à 34).— 1893. HJ. SJOGBEN, En ny jernmalms typ représentent af Routivare malmberg {Geol. Fôren. Fôrh., n° 148, p. 55 à 63, et n° 150, p. 140 à 143). — Cf. Z. f. pi: Geol. (1893, p. 269; 1900, p. 233 et 235; 1901, p. 13). Dans lé même ordre d'idées, nous trouverons plus loin Yàlimiiki en Finlande, au Nord-Est du lac Ladoga, où la magnétite est de même dans un gabbro-diorite. (**) Le voyage de Gellivara à Routivara demande actuellement une huitaine de jours de marche ou de navigation en pirogue sur les fleuves, èn passant par Harsprânget, StoraSjôfallet etKvikkjokk, qui est à 15 kilomètres S. H. E. de Routivara. De Kvikkjokk, on peut descendre, en trois jours, à la côte norvégienne, par le glacier de Salajekna, jusqu'à Furu•lund, port où se trouvent les bureaux de la compagnie des mines de Sulitïilma et qui est desservi par des bateaux à vapeur suivant la côte.