Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 29]

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L'ORIGINE ET LES CARACTÈRES

DES GISEMENTS DE FER SCANDINAVES

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rique, dans le Nord des États-Unis et le Canada (Lac Supérieur, etc.). C'est là, en effet, que l'on observe, avec leur développement maximum et avec l'indice de mouvements permettant d'y établir une sorte de chronologie, I la série des terrains cristallophylliens antérieurs à la première faune terrestre, dans lesquels nous pouvons espérer de rencontrer la trace des manifestations internes les plus anciennement subies par la terre, pendant de longues périodes où, suivant toute vraisemblance, l'écorce, séparant . l'atmosphère du noyau igné, devait être particulièrement mince. C'est là aussi qu'une énorme érosion, prolongée pendant tout le cours des périodes géologiques successives sur des terrains, qui, depuis leurs plissements primitifs, ont dû rester toujours émergés, a mis à nu les parties les plus profondes, les magmas ultrabasiques, les fonds de creuset cristallisés sous une épaisseur maxima de terrains, les noyaux, où la pure ségrégation ignée du fer, l'opération de simple fusion métallurgique a le plus de chances de s'être exercée. Enfin, pour des causes problématiques, qui ne doivent pas être sans rapport avec les remarques précédentes, c'est là aussi que la sédimentation du fer en a accumulé les dépôts les plus considérables en strates ultérieurement recristallisées. Deux voyages successifs en Scandinavie (1890 et 1899) m'ont permis de visiter et d'étudier les principaux gisements de fer de ce pays : gisements, qui, par leurs dimensions, constituent, on le sait, une de ses richesses essentielles (*). Ce mémoire a pour objet de résumer et de grouper les conclusions, qui m'ont paru le plus vraisemblables sur leur mode de formation et sur leur méta-

morphisme, ainsi que sur celui des terrains cristallophylliens encaissants, sur l'origine des minerais, la cause de leur oxydation plus ou moins avancée, leur relation possible avec des roches éruptives, l'association avec le fer de certaines substances, telles que le phosphore, le titane, le carbone, le soufre, le manganèse, le cuivre, etc. Les questions théoriques soulevées par ces gisements sont extrêmement nombreuses ; leur intérêt même vient de ce qu'elles touchent à des points encore très obscurs de la science ; on ne peut donc s'attendre à les voir ici résolues avec un égal caractère de certitude, ou même de vraisemblance ; mais je m'attacherai scrupuleusement à montrer le pour et le contre des hypothèses proposées, c'est-à-dire la mesure dans laquelle elles paraissent, jusqu'ici, démontrées ou encore discutables. J'ajoute — et cette observation était à peine utile — que, pendantdos voyages rapides comme ceux que fait nécessairement un étranger dans un grand pays comme la Suède, on est sans cesse tributaire des savants du pays, non seulement de leurs publications écrites, dans lesquelles j'ai largement puisé (*), mais aussi de leurs communications verbales. L'extrême cordialité et la grande compétence des géologues, des directeurs ou ingénieurs des mines norvégiens et suédois rend cette sorte de collaboration particulièrement fructueuse. Ne pouvant nommer ici tous ceux qui m'ont ainsi éclairé et dirigé, je tiens à leur envoyer du moins tous mes remerciements collectifs. Dans ce mémoire, avant tout scientifique et que l'on peut considérer comme le préambule d'une étude plus générale sur l'ensemble des gisements de fer, il ne sera question

(*) J'ai publié autrefois un premier résumé de mes notes relatives aux districts classiques delà Suède centrale dans le Traité des gîtes minéraux et métallifères. -J'insisterai ici de préférence sur les districts plus nouveaux, moins connus et beaucoup plus importants comme production, où l'on rencontre surtout des minerais phosphoreux.

(*) J'espère n 'avoir pas fait trop de contre-sens en lisant ces mémoires suédois ou norvégiens. Cependant, si le fait s'était présenté, je réclame d avance toute l 'indulgence des auteurs Scandinaves, en raison de l 'effort fait pour mettre leurs travaux à la portée du public français, qui a peu de facilités pour les connaître, lorsqu 'il n'en existe pas une traduction allemande ou anglaise.