Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 238]

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LES CHARBONS GRAS DE LA PENSYLVANIE

Usages de l'anthracite américain. — L'anthracite a, en Amérique, trois usages bien distincts : 1° Les usages domestiques (chauffage, cuisine, etc.), pour lesquels on emploie seulement les grosseurs supérieures (lump, broken, egg, stove et chestnut), toutes supérieures à 18 millimètres. La production de ces sortes d'anthracite est de 40 millions par an; les usages domestiques en consomment 39. 2° La production de vapeur :■ on emploie pour cela les grosseurs inférieures à 18 millimètres (pea, buckivheat, rice, culm), dont on produit 17 millions et demi de tonnes par an. 3° La production de fonte : on ne produisait, en 1901, que 43.000 tonnes de fonte avec l'anthracite seul; mais on en faisait 1.600.000 tonnes avec un mélange de coke et d'anthracite. Cet usage consommait 1 million de tonnes des grosseurs supérieures d'anthracite. Concurrénce du charbon gras et de l'anthracite. — La propreté et l'absence de fumées de l'anthracite font que le charbon gras ne peut entrer en compétition avec lui pour le chauffage des maisons par des poêles ou pour la cuisine. Néanmoins, comme nous le verrons, il ne s'ensuit pas que les 39 millions de tonnes d'anthracite employées à ces usages restent inattaquables. Pour la production de vapeur, depuis longtemps déjà, on a comparé le charbon gras et l'anthracite sans que les résultats obtenus aient été bien nets; l'anthracite demande moins de main-d'œuvre à cause de sa propreté et de la régularité de sa combustion, mais il exige plus de tirage et une main-d'œuvre plus exercée. Pour le rendement, l'anthracite n'a donné que 95 p. 100 de ce que donnait le bon charbon gras à poids égal. Malgré l'incertitude de ces résultats, on tendait, dès 1901, il développer l'emploi du charbon gras. Les Compagnies de chemin de fer de la

ET DE LA VIRGINIE OCCIDENTALE

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région de l'anthracite (toutes propriétaires de mines d'anthracite, dont elles ont même le monopole) commençaient, en 1902, à brûler du charbon gras sur les locomotives de leurs trains de marchandises. Dans beaucoup de villes, on a installé des stations centrales de production de vapeur au charbon gras, notamment pour le chauffage de la ville, au détriment des poêles et fourneaux domestiques à anthracite. L'emploi de plus en plus répandu du gaz pour la cuisine a une action analogue pour évincer l'anthracite. Naturellement ce mouvement a été accéléré par la grève. Les essais ont été plus nombreux et plus suivis, et on les a, dit-on, jugés définitivement satisfaisants, si bien que beaucoup d'industries paraissent devoir conserver le charbon gras auquel elles avaient recouru pendant la grève. Pour la production de fonte, l'anthracite a été, dès l'été dernier, remplacé par le coke partout où l'on employait déjà le mélange coke-anthracite. Il semble donc, en résumé, qu'une bonne partie de l'anthracite industriel doive être remplacé par le charbon gras. Sur les 17 millions de tonnes qu'on en produit, il y en a 4 ou 5 qui sont brûlés dans les grandes villes de l'Est, où les règlements de police interdisent l'emploi du charbon gras à cause des fumées qu'il produit. Il y aurait donc seulement une douzaine de millions de tonnes d'anthracite que le charbon gras pourrait remplacer pour la production de vapeur et de fonte.