Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 58]

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NOTES SDR LA THEORIE

qu'elle résulte des dernières explorations (*), on voit aussitôt apparaître un fait remarquable qui ne ressortait pas des anciens travaux : c'est le rôle énorme des massifs de granité à mica blanc (granulite). A l'Ouest du sillon houiller de Saint-Eloy, il existe, notamment, deux zones presque continues de ces roches, ayant, en moyenne, de 10 à 30 kilomètres de large et formant, avec ce sillon houiller, une sorte de triangle incurvé, au sommet duquel, vers Saint-Sulpice-Laurière, les massifs se sont étonnamment accumulés (ou plutôt deux courbes, tournant leur convexité l'une vers l'autre, qui viennent se juxtaposer en', ce point). Presque tous les grands massifs de granité proprement dits sont, à l'intérieur de ce triangle, envelop-. pés par cette sorte d'auréole granulitique. Au contraire, au Sud-Ouest, dans un autre triangle compris entre la plus méridionale de ces deux courbes et la bordure primaire de Brive, les terrains cristallophylliens présentent une abondance tout à fait spéciale d'amphibolites et de leptynites, qui ressortent sur les feuilles de Tulle, Iirive et Limoges. L'origine des leptynites est, parmi les nombreux problèmes que soulèvent des terrains primitifs et que nous avons déjà abordés en parlant du graphite, l'un des plus obscurs ; il est difficile de dire dans quelle mesure les actions simplement métamorphisantes ou à proprement parler éruptives vont contribué (**) ; il semble cependant bien probable qu'il y a eu feldspath! s ation, gra(*) Voir Comptes Rendus des collaborateurs de la carie qéologiqilfe pour 1901 (Hull. Serv. Carte géol.) : Révision des terrains cristallophylliens du Plateau Central pour la carte au 1 : 1.000.000°. (**) Dans une ancienne note sur les roches de la feuille de Brives déjà rappelée précédemment (Bulletin de la carte géologique, n° 4, 1889), j'ai indiqué, à propos des leptynites de Rorhe-de-Vic, ce mélange de caractères interstratifiés et éruptifs, qu'on retrouve si souvent dans les terrains cristallophylliens et qui les rend à peu prés inexplicables si on ne fait pas une très forte part au métamorphisme. J'essayerai ultérieurement de montrer que les leptynites doivent être, bien souvent, d anciens bancs calcaires.

DES GITES MINÉRAUX

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nulitisation de sédiments, avec intrusions granulitiques connexes, peut-être en rapport avec la présence profonde des magmas granulitiques que l'on voit affleurer en dôme tout autour(*). En tout cas, dans les terrains restés schisteux, c'est-à-dire où la pénétration des liqueurs alcalines, tenant la silice et l'alumine en dissolution, ne s'est pas faite aussi complètement, on voit des veines localisées de granité à mica blanc et de pegmatites, qui sont nettement intrusives et recoupent les schistes en les disloquant, tout, en s'y intercalant localement. C'est dans un semblable faisceau de filons granulitiques, remarquablement exempts de mica et composés d'un simple agrégat de quartz et feldspath souvent pegmatoïdes, parfois même de feldspath seul, que se trouvent les kaolins de Saint-Yrieix. A peu près au centre de la zone à pegmatites (4 kilomètres Est de Saint-Yrieix), il existe, en outre, un important filon de quartz NT .E.-S.O., en relation possible avec les pegmatites. Sur la carte géologique au 1 : 80.001)° de cette région (feuille de Tulle), M. Mouret a figuré les terrains encaissants comme gneiss inférieurs (Ç 1 ) et les terrains situés immédiatement au Sud, dans lesquels il n'y a plus de kao(*) Quand on parle ainsi de granulitisation à propos de la formation même du terrain primitif, il ne faut pas penser uniquement aux venues de granulite proprement dites, qui s'infiltrent, il est vrai, entre certaines de ces couches, mais le plus souvent aussi sont postérieures à leur transformation en gneiss, leptynites, amphibolites, etc., ainsi qu'aux cris taliisations de minerais englobés. Il y a là, je crois, un phénomène beaucoup plus général, s'étant reproduit à diverses reprises, et, en grande partie, bien plus ancien : une action générale et profonde des liqueurs alcalines et carbonatées à haute pression, qui me semblent avoir joué un rôle important dans les cristallisations profondes des types granitique et granulitique, en agissant sur des sédimcnls ou roches antérieurs refondus et résorbés. C'est une question qui mérite d'être examinée eu détail et que je compte reprendre dans un mémoire d'ensemble sur les terrains cristallophylliens du Plateau Central, en rommençant par définir, un peu plus exactement qu'on ne le fait d'habitude, les divers faciès gneissiques, au sujet desquels on raisonne.