Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 37]

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NOTES

SDR LA THÉORIE

DES

r

répéterai plus loin, à un phénomène secondaire et superficiel, tout à fait indépendant de la formation du graphite. Graphites de Bavière et de Bohême. — Nous abordons maintenant une catégorie de gisements pour lesquels l'origine inorganique, admise jusqu'ici dans cette étude, devient beaucoup plus problématique et que la majorité des géologues rattachent, en général, sans hésitation, au groupe des graphites produits par le métamorphisme des combustibles, dont il sera question plus tard. Ce sont les lentilles et veines interstratifiées dans le terrain primitif, dont on connaît des représentants un peu partout dans les couches eristallophylliennes (Plateau Central, Bretagne, Scandinavie, etc.), mais dont le développement a surtout pris des proportions industrielles aux confins de la Bavière et de la Bohême (Passau, Schwarzbach, etc. ..)(*). M. Weinschenk a consacré à ces derniers gisements, pendant de longues années, une étude spéciale et très approfondie, dont les conclusions méritent d'être discutées avec soin, en raison même de leur caractère un peu inattendu et singulier, mais aussi très intéressant (**). Pour lui, leur origine inorganique, leur intrusion postérieure dans les sédiments par pneumatolyse, ne font pas de doute. Son assurance est surtout fondée, comme on va le voir, sur quelques apparences de filons qu'il a assimilés avec ceux de Ceylan, sur la localisation du graphite dans les seules parties disloquées du gneiss et sur l'aspect microscopique des roches. Je résumerai tout à l'heure ses arguments, qui ont une valeur . réelle. Mais il me paraît nuire à sa thèse en insistant,

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comme je viens déjà de le remarquer pour Ceylan, sur d'autres faits, pour lesquels on peut proposer une explication toute différente de la sienne, tels que l'association du kaolin avec le graphite. Si tentant qu'il puisse me sembler de trouver là une confirmation d'idées depuis longtemps soutenues sur le rôle des carbures d'hydrogène dans les fumerolles éruptives, notamment dans la formation des granulites, je ne crois néanmoins devoir donner sa théorie que comme une explication ingénieuse, très admissible sans doute, mais pourtant loin d'être démontrée. Les gisements graphiteux dont il s'agit (*), les plus considérables de beaucoup en Europe, sont situés dans la région Est de la Bavière, près de Passau, et dans la

(*) D r EKNST WEINSCHENK, Zur Kenntniss der Graphillagerstâtten [Chemisch-Geologische Studien (3 fasc in-4% Mùnchen, Bayer Akail., 1896 et 1900)] ; — Uber die Graphillagerstâtten der Umgebung von l'nssau und die Erzlagerstilttenam Silberberg bei Bodenmais {Glilckauf, Berg. und Hûttenm. Wochenschrift, 1898, ir 43, Essen): — Uber einige GraphitlagerstaUen (Zeits. /'. prakt. Geol., 1897, p. 286: 1900, p. 36 et U4) ; — Uber den Graphit Kohlensloff und die Gegenseitigen. Beziehungen zwisehen Graphit, Graphitit und Graphitoid (Zeitschr. f. Krystallogr., etc., 28, 291); — Der bayerische Wald zwisehen Bodenmais und dem Passauer Graphitgebiet (Anlass der XLIV Versammlung der dentschen geol. Ges.. Miinclicn, 1 899) ; — Mémoire sur l'histoire géologique i/es graphites {Comptes Rendus du Congrès géologique de 1900. P- 447 à 5;nj ; — Weitere Beobûchtungen uber die Bildung des Graphitus, speziell mie Bezug auf den Metamorphismus der alpinen Graphitlagerttùtten {Zeits. ftir prakt. Geol., janv. 1903). [Cet article est surtout une réponse à HÔRNF.S : Der Metamorphismus der obersteirischen Graphitlagerstàtten {Mitt. naturw.

Ver. Steierm, 1909, p. 90).] — En dehors de

Jaczewski, dont j'ai cité plus haut le travail sur la Sibérie, tout à tait opposé aux idées de M. Weinschenk, la théorie de ce savant a été M.

également combattue, paraît-il, par MM. Redlich et J.-L. Barvir, dont (*) Quand même l'origine filonienne serait prouvée pour les graphites de Bavière, il ne faudrait étendre cette conclusion aux autres gisements du même genre qu'après examen de chaque cas particulier. (*) M. Weinschenk m'écrit que, depuis plusieurs années, il retourne chaque année visiter ces gisements avec des spécialistes, qui Ion*, malgré leur scepticisme antérieur, se laissent convaincre par l'examen des lieux.

je ne connais pas le travail (ce dernier écrit en tchèque) : 11. BARVIR, Nekulik ukazek z mikroskopicke structury... {Si/zber Bohm. Akad. Wiss., 1897, n" 32). — D'après un résumé de M. Weinschenk lui-même, le travail de M. Barvir s'appuierait sur des raisons très contestables : présence de soi-disant traces organiques, qui sont des concrétions de pyrite et de silicates; cristallisations de pyrite, considérées comme une preuve d'origine organique, parce qu'on les retrouve aussi dans la houille, etc.