Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 33]

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NOTES

SUR

LA

THÉORIE DES

raux ordinaires du granité (orthose, quartz, muscovite, biotite). Je rattacherais encore volontiers au même phénomène (*) l'existence de diamant, de graphite et d'hydrocarbures dans un certain nombre de filons quartzeux ou pegmatoïdes, qui, eux-mêmes, peuvent être dus à une dissolution de silice dans l'acide carbonique liquide, précipitée en bloc par un phénomène de sursaturation ou de décompression. C'est ainsi que j'ai recueilli en Scandinavie de nombreux exemples de ce genre relatifs aux hydrocarbures filoniens et constaté que ces filons, traversant de Foligiste, l'avaient réduit en magnétite (**). Il y a donc eu là des hydrocarbures en milieu très acide. J'ai insisté également sur l'association fréquente des hydrocarbures avec le cinabre filonien en divers pays. M. Lacroix cite un cas du même genre pour le quartz des filons stannifères de la "Villeder, qui a renfermé du graphite en quelque abondance. Ailleurs, le gisement du diamant dans des pegmatites, — très vraisemblable d'après les observations de M. Gorceix au Brésil, de Chaper dans l'Inde, — peut'laisser supposer un mode dé cristallisation de ce minéral différent de celui qu'on a réalisé jusqu'ici par la pression exercée sur le carbone en dissolution dans un bain de fonte, mais (*) Les anciens gisements de Borrowdale, en Cumberland, qui autrefois ont fourni du graphite très pur, mais que l'on a abandonnés depuis plus d'un demi-siècle, et que l'on connaît par suite fort mal, rentreraient dans ce groupe d'après d'anciennes descriptions un peu sujettes à caution [ OEYNIIAUSEN und DECHEN. Vber die Grapkitgru.be zu Borrowdale (Karslens Archiv., 1830, 2, 283)]. Weinschenk mentionne, d'après ce travail, des veines de calcite, sidérose et quartz avec nids de graphite dans une roche porphyrique (?). Un auteur anglais, Davies, parle de veines graphiteuses dans des grès et schistes primaires, seulement traversés par ces veines porphyriques, ou plutôt porphyritiques : ce qui semble plus vraisemblable. (**) Une opération de synthèse m'a permis de reproduire le phénomène en chauffant de l'hématite avec du pétrole en vase clos à 250 ; il s'est produit ainsi, sur une partie des grains d'hématite, un enduit magnétique (C. R., H février 1903).

GITES

MINÉRAUX

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témoigne, en tout cas, d'inclusions carburées, sous une forme quelconque, dans ces pegmatites. Enfin, certains gisements de graphite dans des gneiss granulitisés peuvent être une conséquence delà granulitisation ; mais, comme, là, il a pu y avoir également simple métamorphisme de sédiments carbures, je les laisse de côté en ce moment, pour revenir tout à l'heure sur ce dernier côté de la question quand nous nous occuperons des gisements de Ceylan et de Passau. J'arrive au cas des gisements de graphite Alibert, sur lesquels M. Jaczewski vient de donner des renseignements géologiques un peu plus précis que ceux possédés jusqu'alors (*). Graphite de Sibérie. — Ces gisements célèbres, exploités par Alibert de 1848 à 1858, et depuis lors abandonnés, se trouvent à l'Est de la Sibérie, par 118° 22' de long. E. et 52° 21' 19" de latitude N., à 2.258 mètres au-dessus de la mer, à l'est des Alpes de Kitoï, sur la rive droite du haut cours du Botogol, affluent de la Khonechone, qui se jette dans la Biélaïa.

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Le graphite (graphite et graphitite de Luzzi) y forme des nids et amas irréguliers au milieu d'une syénite néphélinique à gros grains (de 1 à 2 centimètres) (**), dans laquelle les silicates ferrugineux (amphibole, augite, biotite) jouent un rôle subordonné. Il est toujours associé à (*) Le gisement de graphitite de J.-P. Alibert, au sommet du rocher Bologolsky (en russe, avec résumé français). — Cf. Gîtes minéraux et métallifères (1, p. 40); — et HELMHACKER, Graphitvorkommnisse in Russwid (Berg und HuCtenm. Z., 1896, 29). (**) Ce gisement, dans une syénite néphélinique, est d'autant plus intéressant que, comme nous le verrons plus loin dans la note relative au titane, cette roche est, avec le gabbro, la seule où se soient faites les ségrégations de minerais titanés. Or nous discuterons tout à l'heure les observations relatives au rapprochement du graphite et du titane dans maints gisements. L'École des Mines possède de très beaux échantillons ae ces graphites sibériens.