Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 285]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

526

NOTE

SUR

L'EXPLOSION

D'UN

DÉPÔT

DE

DYNAMITE

touches de dynamite ou de grisoutine distribuées au fond par le surveillant Bertinchamps, grâce aux indications fournies par les rapports quotidiens de celui-ci. Le porion chargé de la remise des détonateurs veillait à ce que les capsules fussent enfermées devant lui dans de petites boîtes que les ouvriers plaçaient dans les poches de leurs vêtements. La consigne était d'ailleurs donnée, et il semble qu'elle fût fidèlement exécutée, de ne pas remettre de cartouches à un ouvrier porteur d'une boîte de capsules. Bertinchamps s'en assurait, paraît-il, toujours avant de donner la dynamite ou la grisoutine demandées. Dans ces conditions, rien ne permet de penser que des détonateurs aient pu se trouver dans le magasin de dynamite de la fosse Fénelon. L'approvisionnement de ce magasin se faisait à des intervalles plus ou moins rapprochés, suivant les arrivages d'explosifs et les besoins de la fosse. De la comparaison des chiffres des entrées au dépôt et des quantités consommées, fournis par la comptabilité spéciale dont il a déjà été question, il résulte que, si la règle d'après laquelle on devait toujours distribuer la dynamite ou la grisoutine la plus vieille était bien observée, les cartouches de dynamite en cours de distribution au moment de l'accident devaient être les dernières de celles reçues, le 13 septembre précédent, de l'usine d'Ablon. Pour la grisoutine, les cartouches les plus anciennes devaient être en magasin depuis le 3 septembre. Une confirmation de ce fait, en ce qui concerne la dynamite, a été fournie par l'examen de cartouches qui avaient été remises à un mineur quelque! instants avant l'explosion et qu'à la suite de celle-ci il avait jetées dans le « bounioù » du puits, où elles ont été retrouvées quelques jours après. Elles provenaient de l'usine d'Ablon et portaient la date de fabrication d'août 1900. Ces indications concordent avec les renseignements fournis par l'examen de la comptabilité, et il est permis

NoTK

SUR

L EXPLOSION

D'UN

DEPOT

DE DYNAMITE

527

d'en conclure, avec quelque certitude, que la dynamite comme la grisoutine en distribution étaient entrées au dépôt dans le courant du mois de septembre et avaient 6té fabriquées et transportées de l'usine à la fosse au cours de la saison chaude. Circonstances de l'accident. — L'explosion s'est produite vers 5 h. 1/4 du matin. Sa première victime a été le distributeur Bertinchamps, dont les débris ont été retrouvés à la hauteur .do son magasin, devant lequel ou à l'intérieur duquel il se trouvait certainement à ce moment (emplacement indiqué par le chiffre 1 sur le plan des lieux, pl. XYII, fig. 2). A 20 mètres environ, en se dirigeant vers le puits (point 2 du plan), on a retrouvé sous un w agonnet le corps de l'ouvrier Cotton Jules, adjoint pendant la quinzaine de là Sainte-Barbe au surveillant d'about Pollet Désiré, qui fut lui-même relevé à 11 mètres plus loin, près de l'éboulement qui s'est produit dans la bowette (point 3 du plan). L'un et F autre venaient certainement de passer devant le magasin ou peut-être se trouvaient encore devant celui-ci, causant avec Bertinchamps avant de remonter, quand l'explosion eut lieu. Brunet Adolphe (4) et Jeux Louis (5), également du poste de nuit, furent frappés à l'accrochage, où ils attendaient la cage. De l'autre côté du puits, huit ouvriers furent atteints auprès de l'accrochage, à l'entrée de la bowette sud. Cinq d'entre eux, Koessler Joseph (8), Moura Florimond (18), Tison Achille (9), Bouriez Jules (10), Carlier François (11), faisaient aussi partie du poste de nuit et, comme les précédents, se préparaient àrémonter. Lestroisautres, Dupriez Henri (6), Degorre François (7) et Branche Eugène (12), venaient de descendre et quittaient quelques vêtements qu'ils laissaient d'ordinaire en ce point quand l'explosion eut lieu. Des huit, sept furent tués sur le coup ; Moura Florimond, grièvement blessé et brûlé, mourut au bout.de