Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 222]

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ÉTUDE GÉOLOGIQUE ET MINIERE

toujours accompagnés d'affleurements de houille, sur lesquels on observe d'innombrables petites fouilles. La ville de Koueï-Yan-Sen se trouve sur une plaine de ce même horizon, mais d'une étendue supérieure. Les fouilles pour l'extraction de la houille, qui bouleversaient le sol, ont été interdites autour de la ville. 11 est curieux, de constater qu'à une si grande distance du rhétien d'Europe on trouve encore, au même horizon, un calcaire gris bleuâtre, fissile en plaquettes très minces, qu'on emploie comme dallage dans toute la ville. Les gisements de mercure qui s'éparpillent depuis la région de Mong-Tze jusqu'à Kouei-Yang, c'est-à-dire sur une longueur de 500 kilomètres, se rencontrent encore au Nord de cette ville. Le plus important des anciens centres d'extraction est celui de Pe-Ma-Tong, localité située auprès do Kai-Toheou, à 50 kilomètres au Nord de Kouei-Yang. Au moment de notre passage, une tentative de remise en exploitation était faite, sous le patronage de divers mandarins, par un syndicat européen représenté par MM. de Marteau et Durand. Les gisements énumérés ci-dessus sont loin d'être les seuls qui se rencontrent entre les méridiens de Yun-Nan. Sen et de Kouei-Yang-Sen. D'une part, la région paléozoïque de Toung-Tchouan, parsemée de massifs de porphyrite, se prolonge sur la rive droite du Fleuve Bleu, jusqu'à une soixantaine de kilomètres au Nord de TchaoToung. On connaît autour de cette localité de nombreux affleurements exploités, qui fournissent une houille très abondante, mais la plupart du temps anthraciteuse et assez cendreuse. Les gisements de cuivre s'étendent aussi dans cette région. Vers la frontière orientale du Yun-Nân, la route de Yun-Nan-Sen à Kouei-Yang-Sen recoupe un peu au-delà de Kiu-Tsing le faisceau niésozoïque et y rencontre de beaux affleurements de houille rhétienne flambante, exploités notamment à Ping-Y,

DES PROVINCES CHINOISES VOISINES DU TONKIN

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D'autre part, au Nord de Kouei-Yang-Sen, la formation mésozoïque se poursuit certainement sans discontinuité pour se raccorder avec le grand bassin houiller reconnu au Se-Tchouan par M. de Richthofen. Cette formation est conservée sur une grande épaisseur au Nord-Ouest du Kouei-Tcheou. La houille rhétienne s'y rencontre dans les pentes d'érosion, et particulièrement à Tsen-Y, où elle est d'excellente qualité. La région comprise entre cette ville, celle de Ta-Ting et celle de OueiNing est probablement la plus favorisée de la province. Elle a été spécialement visitée, en 1896, au titre de la Mission Lyonnaise, par M. l'Ingénieur Duclbs, ancien élève de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, accompagné par M. Prénat, missionnaire. M. Duclos m'a fait part de toutes ses observations avant mon départ de France, avec la plus entière obligeance. La connaissance que j'ai acquise du pays me permet maintenant d'interpréter ces constatations en les rattachant à la géologie, et je suis heureux de rendre ainsi hommage à des efforts dont j'ai pu apprécier le mérite. L'itinéraire de M. Duclos commence à Pi-Tsié, près de Ta-Ting, passe par Ouei-Ning et aboutit à TchenNing. La région de Pi-Tsié est tout entière couverte de sédiments liasiques. L'horizon inférieur versicolore, affleurant au voisinage des chemins, vers l'altitude de 1.500 mètres, contient un niveau gréseux jaunâtre, renfermant des veines de houille exploitées dans une multitude de localités. Les points d'extraction sont tellement nombreux que le rayon de vente ne dépasse pas 10 kilomètres pour les plus favorisés, et notamment pour les mines de PinSse-Kai et Mao-Pi, près du village du Kao-Chan-Pou, à 20 kilomètres vers l'Ouest de Pi-Tsié. Les affleurements visibles le long de la route sont