Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 147]

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NOTICE SUR EUGÈNE VICAIRE

NOTICE SUR EUGÈNE VICAIRE

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porte les hommes de science à ne voir dans les hypothèses physiques qu'une représentation symbolique des faits observés, ainsi que l'a fait ressortir de façon si frappante M. Duheni dans une suite de remarquables articles publiés par la Revue des questions scientifiques, et s'en tenait pour sa part à l'ancienne manière de voir qui leur attribuait une valeur objective (*). En dehors des travaux qui viennent d'être rappelés et qui peuvent être considérés comme purement spéculatifs. Vicaire en a poursuivi d'autres, également de nature scientifique, mais qui se rattachaient directement aux observations d'ordre technique qu'il était amené à faire au cours de sa carrière d'ingénieur. Telles sont ses recherches sur la température des flammes et la dissociation (**), ainsi que sur la distribution de la chaleur dans les fours à cuve, et spécialement dans les hauts-fourneaux à fer (***). Dans la première de ces études, il a déterminé la température produite par une combinaison de gaz en tenant compte de la dissociation, méritant, pour l'élégance des résultats qu'il a obtenus et qui intéressent la métallurgie, d'être mentionné avec éloge par Henri Sainte-Claire Deville lui-même (****). Dans la seconde, il a complètement éclairci la question très complexe des échanges de chaleur k l'intérieur des hauts-fourneaux, sur laquelle, avant lui, on n'avait que de très vagues idées. Les formules qu'il a établies et rapprochées des résultats obtenus par divers observateurs donnent la solution de problèmes que l'on n'avait auparavant même pas songé k poser. Elles tracent la voie k suivre pour parvenir à créer une métallurgie vraiment rationnelle, dans

laquelle on calculerait un fourneau en vue d'un résultat déterminé comme on calcule une machine. A un point de vue plus technique, on lui est encore redevable, dans le domaine de la Métallurgie, de plusieurs publications d'une haute utilité, notamment d'une description détaillée du procédé Ressemer pour l'affinage de la fonte'*), donnée k une époque oii ce procédé était encore peu répandu en France; d'une notice sur le lavage Méthodique des cendres de houille (**), dont les indications ont été fréquemment mises en pratique; enfin d'un mémoire (***) dans lequel, après avoir exposé les principes delà gazéification des combustibles, il trace une méthode générale d'emploi des combustibles inférieurs et développe les conséquences industrielles et économiques (pie l'application de cette méthode k la métallurgie du fer pourrait avoir en France. Au cours de cette étude, il trouve l'occasion d'exposer, ce qui n'avait pas encore été fait au point de vue pratique, le rôle de la dissociation dans les foyers ii haute température. Dans l'ordre de l'exploitation des mines, on lui doit d'importantes expériences sur l'aérage des chantiers k grisou (****) ; mais c'est plutôt dans la technique de l'art des chemins de fer qu'il a trouvé l'occasion de mettre les méthodes scientifiques dont il s'était toujours pénétré au service de ses études d'ingénieur. Ses profondes connaissances en mécanique l'ont nus a même notamment d'entreprendre des études d'un haut intérêt sur l'emploi des freins continus dès qu'ils ont fait leur apparition dans l'exploitation technique des chemins de fer français, études qu'il n'a jamais abandonnées

(*) Bévue des Questions scientifiques, août 1893. (**) Comptes Rendus, t. LXVll, p. 144S (1868) ; — Annales de Chimie el de Physique, 4° série, t. XIX (1870). (***) Bull, de la Soc. de l'Industrie minérale, 2° série, t. XIV '1875). (****) Comptes Rendus, t. LXX, p. 1107 (1870).

  • • IX. p. 133 (1862-63-64).

(**) Ibid., t. X. p. .7 (1864). (***) Bull, de la Suc. de l'Industrie minérale, i" série, t. XII, p. 633

(*) Bull, de la Soc. de l'Industrie minérale, 1" série, t. VIII. p. 551, et

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(1867-68). (****) Ibid., 2' série, t. IV (1875).