Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 5]

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LES

GISEMENTS

DIAMANTIFÈRES

des possessions hollandaises de l'île, et les marécages s'étendent jusqu'à de grandes distances dans l'intérieur. Bandjermasin est bâtie au milieu d'eux. Les maisons y sont construites sur des troncs d'arbres couchés horizontalement dans la vase à l m ,50 ou 2 mètres de profondeur. Ce n'est qu'à force de soins, par la multiplication des fossés et des canaux de drainage, en rechargeant sans cesse les chaussées, qu'on arrive à y maintenir la circulation possible. Pendant la saison des pluies, toute la ville est parfois dans l'eau. L'inondation couvre, du reste, le pays jusqu'à Martapoera, à 30 kilomètres plus avant dans les terres. C'est à Bandjermasin que se concentre le commerce des deux districts ; c'est là aussi que se trouvent la résidence et la garnison la plus importante. L'animation y est donc assez considérable. La population doit atteindre de 40 à 50.000 âmes. Très peu d'Européens, une centaine peutêtre, à peu près tous fonctionnaires ou officiers ; quelques centaines de métis divers, entièrement assimilés aux Européens, fonctionnaires aussi, petits employés, commerçants, entrepreneurs ; plusieurs milliers de Chinois, là, comme partout en Extrême-Orient, accaparant de plus en plus fout le commerce, le grand et le petit, et de plus en plus indispensables, à l'Administration comme au public, possesseurs de bateaux à vapeur, fournisseurs de l'État, fermiers des monopoles, colporteurs ou coolies ; des Arabes, originaires pour la plupart de l'Yémen ou du Hedjaz, marchands comme les Chinois et comme eux usuriers, jouissant auprès des indigènes, qui sont musulmans, d'un très grand prestige, à cause de leur pays d'origine et de leur nationalité ; enfin, les indigènes, les Malais, insouciants et flâneurs, sauf en ce qui concerne, au moins pour quelques-uns, la navigation et le commerce. L'aspect delà ville est très pittoresque et très curieux, avec ses larges avenues et ses quais ombragés de grands

DE

LA

RÉGION

SUD-EST DE

L'iLE DE BORNÉO

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arbres où se perdent au milieu des cocotiers, des aréquiers, des Ficus, des bananiers et autres essences tropicales, les maisons sans étage, au plancher supporté à linéiques décimètres du sol par une forêt de piquets, construites en treillis de bambous et couvertes en « ataps », excepté cependant les habitations des Européens, qui sont en planches et couvertes de tuiles, avec les marchés chinois, malais, arabes, aux odeurs fortes, aux échoppes misérables et sales pressées les unes contre les autres, avec tant de races diverses se coudoyant dans les rues, avec la rivière couverte d'embarcations de toute nature, depuis les bateaux et les chaloupes à vapeur jusqu'aux radeaux de bambous apportant de l'intérieur le rotin, le caoutchouc, la gutta-percha, le charbon, aux longs sampans creusés dans d'énormes troncs d'arbres et aux « tambangans » au profil allongé et fin, plus élégant peut-être que celui des gondoles de Venise. Et la remontée de la rivière depuis le confinent du Barito jusqu'à une assez grande distance en amont de la Résidence, centre de la ville, déroule sous les yeux du nouvel arrivant un des plus magnifiques panoramas tropicaux qu'il soit possible de voir. Mais la chaleur y est excessive et accablante, les moustiques y abondent, les distractions y sont nulles, les relations avec le monde extérieur y sont insuffisantes. Il n'y a encore aucun câble télégraphique reliant Bandjermasin à •lava, si proche. Des vapeurs font bien le service de Soerabaia, capitale commerciale de Java, située juste en face, d autres celui de Singapour; mais les voyages sont peu fréquents, les bateaux généralement petits et peu confortables, et surtout les arrivées et les départs d'une irrégularité parfois désespérante. A partir de Bandjermasin, la remontée de la rivière se fait le plus souvenfrau moyen des embarcations à fond plat de formes très élégantes, appelées «tambangans ». Ces embarcations sont conduites par des Malais à l'aide de