Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 290]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR THOMAS EGLESTON

cet infatigable travailleur (*). En 1887 et 1890, il publia un grand ouvrage en deux volumes sur la métallurgie de l'argent, de l'or et du mercure aux États-Unis. Les intérêts de sa ville natale- trouvèrent en lui un ardent défenseur ; c'est ainsi qu'il réussit à empêcher la destruction d'une belle place publique, le Washington Square, que des spéculateurs étaient sur le point de faire morceler. On lui doit aussi le monument d'Audubon, le célèbre ornithologiste, dont la tombe se trouvait atteinte par le percement de rues nouvelles. Il s'occupa constamment avec zèle d'institutions charitables et religieuses. L'altération de sa santé l'obligea à se démettre de sa chaire, en 1897. L'année suivante, il donna sa collection et sa bibliothèque à sa chère École des Mines, comme on l'a vu plus haut, préférant s'occuper lui-même de ces dons plutôt qu'en laisser le soin à ses exécuteurs testamentaires. Il n'oublia pas non plus l'École des Mines de Paris, qui lui doit un don de 10.000 dollars, dont les intérêts sont affectés à la collection de minéralogie, suivant l'intention expresse du donateur. Il est bon de savoir, pour apprécier à sa valeur la générosité d'Egleston, qu'il ne possédait pas une immense fortune et qu'une somme de 10.000 dollars représentait une importante fraction de son revenu annuel. Les lettres qu'il écrivit à l'occasion de ce don à M. Haton de la Goupillière expriment de la manière la plus saisissante les sentiments qu'il éprouvait envers la vieille école de Paris; on lira avec intérêt des extraits de cette correspondance, dont la traduction est due à M. Herbert, secrétaire de l'École des Mines. On verra par ces extraits qu'en faisant ce don généreux à la collection de minéralogie, Egleston réalisait, sous une autre forme, une idée déjà ancienne : il (*) Cette liste se trouve dans la notice biographique précitée de M. Kunz.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR THOMAS EGLESTON

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avait d'abord pensé à léguer sa collection de minéraux a l'École des Mines de Paris, ainsi que le montre une lettre du 23 décembre 1887. Cette lettre contient des observations judicieuses sur l'inconvénient qui résulte dans certains cas, pour des institutions publiques, de la nécessité de conserver intégralement dos objets donnés ou légués, tandis qu'il pourrait être utile de remplacer par d'autres certaines pièces qui ont cessé d'être intéressantes. Ces remarques méritent d'être méditées par tous les donateurs, qui doivent avoir en vue, avant tout, l'intérêt des institutions auxquelles les dons sont destinés. Extrait d'une lettre de M. Th. Egleston à M. Haton de la Goupillière, . envoyée de New York le 23 décembre 1887. « J'ai reçu votre lettre du 8 décembre, dans laquelle tous me faites part de la mort très regrettable de M. Luuyt, que j'ai vu plusieurs fois, l'été dernier, pendant mon séjour à Paris. Je savais qu'il était malade, mais j'avais espéré qu'il pouvait recouvrer la santé. Outre la lettre que je lui avais écrite et qui vous a été communiquée, je m'étais entretenu longuement avec lui du don que je me propose de faire, par testament, de ma collection de minéraux à l'École des Mines de Paris. Je pense qu'il est désirable de récapituler avec vous toute l'affaire avant de faire rédiger mon testament. La collection que je possède contient quatre ou cinq mille échantillons choisis avec le plus grand soin. Je l'ai commencée étant étudiant à l'École des Mines, et j'y ajoute constamment encore aujourd'hui de nouveaux spécimens, toutes les fois que l'occasion s'en présente. Voici ce que j'avais proposé à M. Luuyt : si la collection était acceptée par l'École, elle resterait en ma possession pendant ma vie; dès cette acceptation, je commencerais à