Annales des Mines (1901, série 9, volume 19) [Image 102]

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L'ÉTAIN EN BOLIVIE

de l'état dans lequel se trouvent aujourd'hui nos mines, après tant de traverses et de calamités ! » Les exploitations d'étain, sous forme de minerai broyé (barilla), furent réduites à un très petit nombre, 6 à 7, à Potosi et Oruro, d'où l'on exportait le minerai en Europe, mais non sans de grandes difficultés, à cause de la grande distance des lieux d'extraction à la Côte du Pacifique; les bénéfices étaient minimes, et, si ces exploitations ont été poursuivies malgré des difficultés sans nombre et des causes de découragement continuelles, on doit l'attribuer à cette persistance dont semble doué, plus que tout autre industriel, le mineur, conservant toujours l'espoir qu'un jour viendra de prospérité subite. De 1821 à 1826, se produisit la plus mauvaise période pour toutes les mines en général ; elle ne s'améliora guère, ainsi que le constate Dalence, jusqu'en 1834, époque à laquelle quelques mesures furent prises, en vue de protéger l'industrie des mines; l'adoption du Code des mines, qui eut lieu cette année-là, améliora sensiblement la situation. En 1846, l'exportation de la barilla produisit 90.000 francs, et l'on avait exploité un millier de tonnes, A partir de cette époque jusqu'en 1897, l'exploitation se développa, et l'exportation atteignit 1.824 tonnes ayant rapporté au fisc 250.000 francs. En 1868, la production en Angleterre atteignit 3.000 tonnes; ce fut la plus forte de toute l'Europe. Les mines d'étain de Bolivie pourraient produire annuellement, en mettant bien entendu en œuvre tous les éléments nécessaires pour en tirer parti, 100.000 tonnes de barilla. On en peut juger par les quelques mines en activité aujourd'hui, dont l'exploitation est encore très défectueuse, quant aux méthodes et aux dispositionsprises, mais dont l'extraction donne cependant 3.000 tonnes par an, c'est-à-dire ce que produisait l'Angleterre, il y a peu de temps.

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Actuellement, l'exploitation des gisements stannifères a pris, en Bolivie, un développement qu'elle n'avait jamais eu, a cause de la hausse de l'étain sur les marchés européens, dont le prix a atteint dernièrement £ 147 (3.675 francs) la tonne anglaise (1.016 kilogrammes). Il y a maintenant environ 35 mines en exploitation. Cependant, par suite des difficultés provenant des voies de communication et de l'imperfection des procédés de préparation mécanique, les bénéfices réalisés ne sont pas bien considérables, si l'on en croit certains mineurs, qui peut-être exagèrent la mauvaise situation dans laquelle ils se trouvent, afin d'obtenir de l'État des avantages leur permettant d'étendre leurs opérations. C'est ainsi qu'en 1898, l'un des propriétaires de mines demandait aux Chambres la diminution des droits d'exportation ; et il signalait comme causes auxquelles il fallait attribuer l'exiguité des bénéfices obtenus par les mineurs, celles-ci : les machines employées pour la préparation mécanique sont d'un prix tellement élevé, la conduite et l'entretien de ces machines par des ouvriers techniques, et les approvisionnements de pièces de rechange sont tellement dispendieux, que seules les très grandes exploitations peuvent faire les avances qu'exigent ces frais considérables. En outre, dans toutes les régions de mines d'étain, le combustible est très rare et excessivement cher. Il résulte de toutes ces conditions que, pour traiter par exemple 200 tonnes de minerai d'une teneur de 50 p. 100, la plus forte qu'on puisse obtenir par le procédé en usage, les frais d'extraction, de traitement (soit 30 p. 100) de main-d'œuvre, de transport, les intérêts et l'amortissement du capital sont tels, qu'il ne reste plus pour le producteur qu'un bénéfice insignifiant, sur lequel il faut encore prélever l'impôt. Les plaintes de cette nature s'expliquent par deux ordres de faits bien distincts; en premier lieu, les gise-