Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 328]

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COMMISSION

DU

GRISOU

et indiqua plusieurs perfectionnements, susceptibles d'en faire un appareil assez précis et pratique (notamment en substituant le platine au palladium). L'usage de la lampe indicatrice de grisou de MM. Mallard et Le Chatelier ne se généralisa pas, à cause, sans doute, du peu de netteté des auréoles données par les lampes à huile pour les faibles teneurs, .de beaucoup les plus fréquentes. L'emploi de l'appareil Coquillion ne se répandit pas non plus, malgré les perfectionnements qu'y apportèrent dans la suite d'abord l'inventeur lui-même (qui avait mis à profit les observations de la Commission pour établir l'appareil décrit et représenté dans les Annales des Mines par M. l'Inspecteur général Caste! en 1881), puis par le D r Schondorf dans l'appareil utilisé par la Commission prussienne du grisou, par M. l'Ingénieur des Mines Leclère dans un appareil installé à l'École des Mines de Saint-Étienne, enfin par M. Poussigue aux mines de Ronchamp. L'idée de la lampe à alcool, indiquée, puis abandonnée par MM. Mallard et Le Chatelier, fut reprise peu après par un ingénieur autrichien, M. Pieler, dont l'appareil n'est autre qu'une lampe Davy ordinaire garnie d'alcool, avec un écran entourant la flamme qui en affleure le bord dans l'air pur. La lampe Pieler se répandit en Autriche et en Allemagne, mais ne fut essayée dans les houillères françaises qu'avec une extrême défiance, en raison des dangers qu'elle présente dans un courant explosif en vitesse, dangers très réels, ainsi que l'ont montré les expériences des Commissions française et autrichienne et que n'atténue pas suffisamment l'emploi d'une cuirasse telle que celle adaptée à la lampe Pieler par M. Dinoire, ingénieur aux mines de Lens. La grisoumétrie, qui jusqu'en 1893 n'avait pu s'introduire en France faute d'appareils répondant aux nécessités de la pratique des mines, allait entrer dans une autre voie

NOTE

SUR

LES

TRAVAUX

DE

LA

COMMISSION

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et devenir d'une application courante, rendue obligatoire par une circulaire ministérielle du 25 avril 1893, grâce à de nouveaux appareils émanant delà Commission française du grisou : comme appareil de laboratoire, l'éprouvette Le Chatelier à limite d'inflammabilité fondée sur un principe découvert par un ingénieur américain M. Shaw, mais dont celui-ci n'avait tiré qu'un appareil compliqué et peu pratique (*'); — comme appareil portât if, la lampe Chesneau, dérivée de la lampe Pieler, mais avec des perfectionnements supprimant les dangers de celle-ci et son manque de précision, qui avaient entravé son expansion en Franco. On doit, en outre, à M. Le Chatelier un autre appareil de dosage du grisou pour laboratoire, basé, comme l'appareil Coquillion, sur la combustion du grisou par un fil de platine incandescent, mais avec des modifications le rendant d'un maniement beaucoup plus commode et plus sûr. Cet appareil, plus compliqué que l'éprouvette à limite d'inflammabilité, s'est d'ailleurs beaucoup moins répandu que celle-ci, et actuellement l'outillage grisoumétrique des houillères en France se compose, pour la majorité des mines, de la lampe Chesneau seule, et, pour un certain nombre, de cette lampe avec contrôle de ses indications par analyses de laboratoire faites au moyen de l'éprouvette Le Chatelier, ou plus rarement avec les appareils à combustion de M. Le Chatelier ou de M. Coquillion. La description et l'emploi des appareils de M. Le Chatelier ont été donnés par lui dans deux notes insérées aux Annales des Mines (**), dans un mémoire publié dans les Annales de Chimie et de Physique (***), ainsi que dans un (*) Avertisseur de grisou Thomas Shaw, par M. P. BÂTARD (Ann. des Mines, VIII' série, t. XIX, p. 319.) (**) H. LE CHATELIER, Note sur le dosage du grisou par les limites d'inflammabilité (Ann. des Mines, 1891 , VIII' série, t. XIV, p. 396). — Sur le dosage du grisou (Ann. des Mines, 1892, IX° série, t. II, p. 469). (***) H. LE CHATELIER, Sur le dosage de petites quantités de gaz combustible mêlés à l'air (Ann. de Ch. et del'hys., 1893, VI" série, t. XXIX).