Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 225]

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quartz (diam. p. g. g. = 0,01), accompagné d'une grande quantité de grains plus petits dont la majorité est arrondie ; environ un dixième de la masse totale est constitué par de la vase. Portion enlevée par le courant de une minute au centimètre. — Spicules abondants, argile, grains minéraux extrêmement fins, dont la plupart polarisent vivement. Portion enlevée par le courant de deux minutes au centimètre. — Argile très abondante, spicules et grains minéraux extrêmement fins polarisant. Les conclusions résultant de cet examen sont les suivantes : 1" Dans cet échantillon, de même que dans les nombreux fonds que j'ai analysés, on trouve par dimensions décroissantes de gros grains minéraux ronds, puis des grains anguleux et enfin une très grande abondance de grains extrêmement fins et ronds. On voit donc que les grains parlent de terre anguleux, flottent pendant un certain temps, tombent sur le fond et s'y arrondissent par frottement mutuel, s'il existe, dans les parages où on les trouve, des courants contigus au fond et assez puissants pour les entraîner ; 2° Comme il n'existe point, au-delà d'une certaine profondeur, de courants contigus au fond, l'arrondissement des grains minéraux et principalement quarlzeux les plus fins est la preuve évidente d'une dissolution dans l'eau de mer. Cette constatation, en outre qu'elle explique la présence constante de la silice dissoute dans l'océan, est de nature à modifier la théorie de Murray et Irvine sur le développement des diatomées (*). Ces savants ont en effet attribué aux diatomées le pouvoir de s'assimiler l'argile ou silicate d'alumine en suspension dans l'eau de mer, d'en opérer la décomposition chimique et de fabriquer leur frustule à l'aide de la silice ainsi isolée. Sans posséder aucune preuve autorisant à nier ce phénomène, il est probable que la silice pure provenant de l'abondance considérable de quartz dissous joue un rôle digne d'être pris en sérieuse considération. Le monde fabricant du calcaire est, au sein de la mer, beaucoup plus abondant que le monde fabricant de la silice. Pour équilibrer la quantité de silice, provenant de la disparition de la masse énorme de quartz, de débris en suspension dans les eaux ou déposée sur le fond et que le total de la silice en dissolution (*) D' MURRAY and M. IRVINE, On silica and the siliceous remains of organisons in modem seas (l'roceedings of the Royal Society ofEdinburgh,

vol. XVIU, march

1891).

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actuelle ne semble pas compenser, pourfermer le cycle de toutes les choses naturelles, ne pourrait-on pas invoquer la formation de ces croûtes pierreuses du sol immergé dont une partie de la genèse a été si habilement élucidée par les travaux du D r Konrad Natterer, l'éminent chimiste des expéditions autrichiennes (*) de la Pola ; 3° La disparition successive dans les sédiments de plus en plus fins des minéraux autres que le quartz coïncidant, avec la proportion croissante d'argile amorphe, montre que les argiles profondes résultent de la dissolution et. de la décomposition chimique de tous les minéraux immergés, le quartz résistant le plus et cependant finissant, lui aussi, par disparaître. Il semble donc inutile d'attribuer la formation des argiles abyssales, ainsi que l'a dit Murray, à la dissolution et à la décomposition des minéraux uniquement d'origine volcanique. Les minéraux ferrugineux et feldspathiques provenant de ces roches sont bien d'une décomposition facile, mais il en est de même lorsqu'ils résultent de la destruction des roches basiques quelconques, côtières ou continentales, dont les débris sont apportés à la mer par les fleuves; 4° Les spicules d'épongés siliceuses se trouvent à tous les degrés de finesse dans les fonds où ils ont pris naissance. Peutêtre même sont-ils entraînés à quelque distance de leur localité d'origine, pour peu qu'il existe des courants, même très faibles, contigus au fond ; 5° Sans qu'il semble possible de pouvoir jamais séparer complètement l'argile amorphe d'avec les grains minéraux, un courant d'eau de 1 centimètre par minute est, pratiquement, le plus convenable pour opérer cette séparation d'une manière approchée. Les résultats de l'analyse mécanique de l'échantillon seront donc indiqués de la façon suivante :

(*) D'KONRAD NATTERER, Chemisch-Geologische Tiefse'e-Forschung.Expeditionen der Schiffe « Pola » und « Taurus » in dus ostliche Mittelmeer Marmara Meer und Rote Meer (Geographischen Zeitschrift, V Iahrg. 4u

5 Heft, 1899).