Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 7]

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MÉMOIRE SUR LES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES

MÉMOIRE SUR LES PHOSPHATES NOIRS DES PYRÉNÉES

faisaient partie d'une couche régulière, interstratifiée dans les calcaires appartenant au terrain dévonien supérieur. Cette première constatation me permit de repérer la

couche depuis le Roc Manaudas, qui se trouve sur les terrains communaux du canton d'Accons, jusque sur les bords du ruisseau de Labrenère, affluent du Gave de Lescun.

Au-delà de ce ruisseau, le gisement traverse les bois dits de Larassiette et se dirige, en suivant une ligne à peu

près N.E.-S.O., vers la ligne des crêtes qui forme

la

frontière d'Espagne. Toute cette seconde partie du gisement se trouvait sur le territoire de la commune de Lescun,

sur laquelle les détenteurs du droit d'exploitation des matières non concessibles, MM. Roger Manescau, Marcou et Ernest Lavigne, avaient déjà obtenu de la commune

un périmètre d'exploitation qu'ils firent aussitôt étendre sur le prolongement vers le Sud de la couche phosphatée. J'ai communiqué les résultats de cette première étude au Congrès de l'Association française pour l'Avancement des Sciences à Nantes, au commencement du mois d'Août dernier. J'ai donné à cette époque, à la Section de Géologie (*), les coupes principales de ce gisement avec quelques indications générales sur la formation dévonienne et carbonifère de la région. Un certain nombre d'agriculteurs du département des

Basses-Pyrénées ayant déjà fait l'essai direct de ces phosphates, simplement moulus, à des cultures assez variées, je présentai un résumé de leurs résultats culturaux à la Section d'Agronomie (1 du même Congrès. Je possédais, d'autre part, des notions complètes sur (*) Association française pour l'Avancement des Sciences : Congrès de Nantes, 1898 : M. D. LEvAT, Notice géologique sur les phosphates noirs d'Amas (Basses-Pyrénées). Communication faite à la VIII° Sec-

tion (Géologie). (**) Même session : M. D. LEVÂT, Une nouvelle source de phosphates français. Les phosphates noirs d'Accous. Communication à la XIII° Section (Agronomie).

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les gisements dévoniens du Tennessee, dont j'ai parlé dans un précédent ouvrage, paru dans les Annales des Mines,

de sorte que j'avais envisagé, dès les premiers jours, la possibilité d'un parallélisme complet entre lés gisements de phosphates noirs dévoniens des Pyrénées et ceux, de même âge, du Nouveau Monde.

La découverte récente des gisements de phosphate dévoniens de l'Arkansas, sur 'lesquels je possédais des données précises, me faisait envisager comme très probable l'existence d'un grand niveau phosphaté de Même âge, sur le versant Nord des Pyrénées françaises. Découverte du niveau des phosphates noirs dévoniens.

Convaincu, par conséquent, que je devais retrouver la prolongation des phosphates d'Accons et de Lescun sur d'autres points des Pyrénées et démontrer ainsi la continuité de ce niveau, tout au moins au point de vue géologique et stratigraphique, je portai mes recherches sur les diverses régions où les contacts entre le terrain dévonien et les terrains de transition sont particulièrement développés.

C'est ainsi que j'ai découvert, dès la première quinzaine du mois d'Août dernier, les gisements de phosphate noir qui s'étendent, entre Foix. et Saint-Girons, sur une longueur de plus de 20 kilomètres.

Passant de là sur la rive droite de l'Ariège, je les retrouvais très nettement caractérisés aux environs de Celles et de Saint-Antoine, sur la route de Foix à Ax-lesThermes, et enfin, au Sud de Prades, dans les PyrénéesOrientales, aux environs de Villefranche-de-Conflent. Remontant ensuite dans le massif des Corbières, où le Dévonien èt les terrains de transition ont été signalés et .étudiés depuis déjà longtemps, j'y retrouvais, géologiquement caractérisé par la présence des nodules, le niveau phosphaté qui couronne la griotte.