Annales des Mines (1898, série 9, volume 13) [Image 256]

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504 RECHERCHE ET EXPLOITATION DE L'OR EN GUYANE

exploitants actuels renoncent le plus souvent à enlever, quitte à gratter en sous-cave tout ce qu'on peut enlever de l'alluvion riche qu'ils recouvrent. Disons, .en passant, que tous les placériens guyanais s'accordent à reconnaître,

comme un fait général, un enrichissement marqué de la couche, et. surtout la présence de grosses pépites, dans les

endroits où les racines des gros arbres Ont pénétré jusqu'à la couche ; ils prétendent Même l'expliquer en disant

que lesdites racines, contemporaines de l'époque où se sont formés lès placers, ont arrêté mécaniquement l'or au passage, à la façon des riffles dans un sluice. Cette opinion me paraît manquer absolument de base sérieuse, mais j'ai constaté une telle unanimité dans l'opi-

nion des placériens sérieux, au point de vue de l'enrichissement dans le voisinage des racines, que je ne pouvais la passer sous silence. Frais de déboisement et de dessouehement d'un hectare

tes frais de déboisement et de dessouchement dan, un chantier ordinaire s'élèvent à environ' 10.000 francs par hectare. Ce chiffre moyen correspond à une densité forestière d'environ 1E,0 gros arbres à l'hectare. Je range dans cette catégorie tous ceux qui présentent un diamètre moyen, à une hauteur de 5 mètres au-dessus du sol, de 80 centimètres et .au delà. C'est à cette hauteur de 5 mètres qu'il faut prendre la mesure des arbres guyanais pour avoir. des chiffres comparables entre eux, car les ,troncs ne deviennent cylindriques, la plupart du temps, qu'au-delà de la hauteur de 5 mètres que je viens d'indiquer. A son point d'enracinement le tronc s'élargit d'ordinaire beaucoup et se .divise en une série de nervures étoilées, qui permettent à .l'arbre de résister au vent, malgré le peu de profondeur de ses racines dans le sol. Ces sortes de nervures, nommées arcabas, prennent fréquemment des dimensions considérables. J'en ai souvent mesuré qui avaient 5 mètres de hauteur et 3 mètres

HISTORIQUE DES PLACERS GUYANAIS

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de pied à leur entrée dans le sol avec une épaisseur moyenne de 10 à '15 centimètres au plus. C'est dans ces arcabas qtie les laveurs d'or débitent leurs batées en bois,

car ce bois n'a pas de fil et ne se fend pas au soleil. Il va sans dire qu'en dehors des cent cinquante gros arbres à l'hectare il y en a au moins autant de plus petites dimensions, à abattre et à enlever. Mais cette partie du travail ne coûte pour ainsi dire presque rien, parce que les bois de 30 à 40 centimètres de diamètre se débardent ados d'hommes avec la plus grande facilité. C'est un travail qui convient parfaitement aux. indigènes ; tandis que les manuvres de force, consistant à rouler au moyen de cordages ou de crics, des tronçons de plusieurs tonnes, ou à arracher de gros chicots, sont des opérations qui comportent une entente du travail et une organisation intelligente du chantier, qu'on trouve difficilement chez les hommes de couleur. J'estime en définitive que, pour éviter toute surprise et tenir compte des aléas, il est bon de prévoir pour les frais

de (Pboisement et .de dessonchement d'un placer en Guyane, avec la main-d'oeuvre et avec les méthodes actuelles : 10.000 francs par hectare, si la largeur de l'emprise ne dépasse pas 15 à 20 mètres, et le double, soit 20.000 francs par hectare, si cette largeur d'emprise est portée à 50 ou 60 mètres.. C'est là, comme on le voit, un élément considérable de

dépense, que les exploitants actuels comprennent en général dans leur prix de revient global, mais dont il convenait de bien déterminer, l'importance, en dehors de la question d'exploitation proprement dite, afin de se rendre compte de l'influence de cette dépense, spéciale au pays, sur l'ensemble du prix de revient.