Annales des Mines (1898, série 9, volume 13) [Image 60]

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112 RÉGLEMENTATION DES EMPLOIS DE L'ÉLECTRICITÉ

lampes=alimentées à l'huile végétale, est celui par lampes électriques portatives. Ces dernières sont à batteries primaires (piles), ou à batteries secondaires(accumulateurs). Entre ces deux systèmes, le 'choix a été fait, semble-t-il, en faveur des lampes à batteries secondaires. Ces batteries, composées de quelques éléments, alimentent chacune une petite lampe à incandescence dans le vide, placée surie devant ou au-dessus de la boîte contenant l'accumulateur. Les batteries peuvent être humides ou sèches. Les premières ont été employées jusqu'à ce jour dans les principaux types de lampes. Malgré les perfectionnements qui ont été apportés dans leur confection (lampes Stella, Bristol, etc.), les manipulations quotidiennes de liquides acides constituent un réel inconvénient ; après quelque temps, les liquides corrodent les connexions et-détériorent même les boîtes extérieures; aussi les exploitants se sont-ils fort peu empressés d'adopter ce nouveau mode d'éclairage. Une lampe à accumulateur sec ayant un rendement égal à celui d'un accumulateur humide aurait plus de chances d'être employée sur une certaine échelle. Nous avons pu voir une lampe basée sur ce principe portant le nom de Lampe Sussmann L'ampoule est à la partie supérieure et est entourée d'un manchon en verre épais. Elle est de construction robuste, pèse environ et répond à toutes les conditions que nous avons cru devoir imposer en vue de la sécurité. Elle peut être inclinée à volonté, et l'entretien des accumulateurs est réduit à un minimum. Dans leur prospectus les inventeurs &engagent à fournir et à entre-

tenir les lampes à raison de 42 centimes par lampe et par semaine. Ce prix est comparable à celui des lampes à l'huile végétale.

Il importait de savoir si le bris de l'ampoule, où se trouve le filament incandescent, pouvait amener l'inflammation d'un mélange explosif. D'après les expériences faites en France, en

1890, par MM. Mallard, Le Chatelier et Chesneau, la réponse est affirmative et il ne doit plus y avoir de doute à ce sujet. On peut se prémunir contre cette cause de danger en enveloppant l'ampoule d'un globe en verre épais à joints hermétiques, analogue à

celui dont on entoure la flamme dans la lampe Mueseler. Dans ces conditions la lampe électrique présente, à notre avis, moins de danger que cette dernière. Les. étincelles qui peuvent se produire, notamment au moment de la fermeture ,ou de l'ouverture du courant 'dans une lampe portative, ont une innocuité complète vis-à-vis du grisou. Une bonne lampe électrique portative doit

DANS LES MINES A GRISOU

être compacte, d'un poids peu élevé, pour être facilement trans-

portée pendant un temps assez long sans fatiguer le porteur plus qu'une lampe ordinaire ; elle doit pouvoir être placée sans difficulté dans toutes les positions voulues et maintenir une lumière uniforme au moins égale à celle d'une bonne lampe de sûreté pendant le temps maximum qu'un mineur reste dans la mine, sans qu'il soit nécessaire d'intercaler des résistances pour régler l'intensité lumineuse. De plus, elle doit être robuste pour supporter au besoin des chocs sans s'éteindre. Le problème peut être considéré comme étant aujourd'hui pratiquement résolu. Les lampes électriques présentent, comparées aux lampes à l'huile, certaines particularités. Tandis que, dans les premières, la source de lumière est complètement isolée de l'atmosphère ambiante, dans les secondes, au contraire, une bonne lumière dépend du libre accès de l'air et de la sortie facile des produits de la combustion. Les fàcheuses conséquences des détériorations des lampes sont plus à redouter avec les lampes à l'huile qu'avec les lampes électriques. Les extinctions, si fréquentes avec les lampes ordinaires, ne seront plus à craindre avec les lampes électriques. On pourra, dans les sauvetages par exemple, pénétrer dans l'atmosphère la plus délétère sans risquer de se voir privé de lumière. La lampe électrique peut être placée dans des courants d'air violents et de directions variées sans être mise en défaut, tandis que les meilleures lampes à l'huile peuvent offrir du danger, clans des cas heureusement rares, mais qui peuvent cependant se présenter. Une fois chargées, les lampes électriques conservent leur charge pendant longtemps. Il ne sera:plus nécessaire d'allumer les lampes un certain temps avant la descente du personnel ; les ouvriers pourront, par la manoeuvre d'un petit. commutateur, les faire fonctionner quand ils seront prêts à descendre. Les lampes vacantes seront mises en activité au moment de leur emploi seulement.

Nous avons cru devoir prescrire certaines dispositions pour éviter que les étincelles dues à la fermeture et à l'ouverture du circuit électrique ne jaillissent à l'air libre. Ces prescriptions, déjà réalisées dans certains types de lampes électriques, n'entraînent aucune dépense supplémentaire notable. Si les ouvriers pouvaient mettre les bornes en court-circuit ou manoeuvrer les commutateurs non enfermés, ils verraient se produire des petites étincelles et en déduiraient peut-être la conséquence générale que les étincelles électriques ne présentent pas de danger; Il est préférable, au contraire, de ne pas familiariser les ouvriers aveo Tome XIII, 1898.

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