Annales des Mines (1897, série 9, volume 12) [Image 310]

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612 NOTE SUR LÉS SOURCES MINÉRALES DE POUGÙES

tement identiques comme composition d'un bout à l'autre de ce vaste bassin, et identiques aussi à celles des grands filons naturels de Vichy. Elles n'empruntent à peu près rien aux terrains sableux dans lesquels elles circulent. A Pougues il en est tout autrement. L'alignement des venues de gaz de Fourchambault à Usseau le long de la grande faille de l'est tend à indiquer dès l'abord que c'est le long de cette fracture que s'élèvent, venant de régions profondes, les eaux chargées d'acide carbonique et d'al-

calis, tout à fait analogues à celles de Vichy. Ces eaux rencontrent, à 60 ou 65 mètres du sol, le banc de calcaire bajocien, perméable, comme tous les calcaires, grâce à des

fendillements particulièrement nombreux au voisinage de l'accident. Elles s'y infiltrent et n'arrivent au jour, par les fractures sableuses naturelles ou par les sondages, qu'après un trajet assez long dans le calcaire. Il est clair que, si cette manière de voir est exacte, on ne doit trouver nulle part une teneur en alcalis plus élevée que dans les eaux issues des sondages les plus voisins de la faille. Et, si cette teneur se trouve moindre pour telle ou telle source, c'est que celle-ci reçoit un afflux d'eaux -étrangères non alcalines, soit par suite d'un mélange s'effectuant dans le gisement même, soit par l'effet d'un défaut de captage. D'autre part, la teneur en chaux doit être variable; sans afflux d'eaux superficielles, elle doit augmenter à mesure que croit la distance à la faille ; un afflux d'eau douce peut atténuer ou même renverser cette augmentation, mais, comme on a dans la teneur en alcalis un moyen de retrouver la proportion de cet afflux

d'eau douce, on devra, en le défalquant, constater un accroissement continu de la teneur en chaux en s'éloignant de la faille. Pour effectuer la correction, il suffira de rapporter la teneur en chaux à une teneur constante en alcalis. -

Il existe au voisinage de la faillê un repère excellent

NOTE SUR LES SOURCES MINÉRALES DE POUDUES

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dans le sondage Saint-Léon, bien capté, situé à190 mètres

environ à l'ouest de l'accident. C'est le sondage le plus rapproché de la faille (le sondage de Bourgneuf n'ayant pas donné de résultat). Conformément aux vues exposées

ci-dessus, la source Saint-Léon est plus riche en alcalis que toutes les autres sources de Pougues. Peu avant le jaillissement de la source Alice l'eau contenait 0gr,763 de soude (Na20) par litre. Or cette teneur, loin de se maintenir constante comme

à Vichy dans toutes les sources du bassin, ne cesse de décroltre graduellement vers l'ouest, à- mesure que croit la distance à la faille. Le tableau suivant montre cette décroissance d'après toutes les analyses effectuées avant mars 1891 (*). à la faille

Distance

Teneur en Na20 par litre

190 mètres

0,763

Parmentier, 1891; avant

Grande-Source. 250

0,722

Parmentier, 1891; avant

Jeanne-d'Arc ..

320 380

0,569 0,535

Parmentier, 1890. Moyenne de 5 analyses de

660 940 955

0,295 0,255 0,212

1866 à 1891, avant Mars. Bonis, 1867. Trucho t, 1891; avant Mars. Carnot, 1890.

Saint-Léon....

Analyses

Mars. Mars.

Saint-Léger.... Bert Alice

Élisabeth

Une diminution si régulière ne saurait être l'effet du Àasard ; elle indique un afflux d'eau non alcaline, croissant régulièrement vers l'ouest, indépendant par suite des conditions particulières de jaillissement et de cap-

tage de chaque source et s'effectuant évidemment dans le gisement même des eaux, dans le calcaire à entroques. (*) Les distances à la faille ne sont connues qu'approximativement, mais, la direction de l'accident étant bien connue, l'erreur est constante mr les différentes distances.