Annales des Mines (1897, série 9, volume 11) [Image 184]

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NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

DE M. IVIASSIEU

La fonction caractéristique: d'un corps est donc bien, comme on le voit, la condensation de toutes ses propriétés thermodynamiques. Il suffit, pour l'exprimer, d'un nombre restreint de coefficients numériques, et quand on a pu se procurer ces données, que l'on doit choisir parmi celles que l'expérience fournit le plus aisément, la théorie thermodynamique de ce corps est complète. Elle jouit encore d'une propriété.précieuse qui augmente beaucoup sa 'valeur scientifique et lui donne un grand intérêt philosophique. Elle constitue comme une sorte de

discuter et sans les démontrer l'un, connu sous le nom de principe de- l'équivalence entre la chaleur et le travail, énoncé par Meyer, et l'autre, dû à Carnot, qui définit l'influence des températures sur les phénomènes dont les machines thermiques sont le siège. Dans cette. note, il ne fait qu'un usage très sobre des formules algébriques. Il pensait, avec le grand géomètre Lagrange, que si ces formules sont très utiles dans le développement d'une science, elles nuisent souvent à la clarté de l'exposition de ses principes.

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pierre de touche,- à l'aide de laquelle on peut mettre à l'épreuve tout émincé relatif à la théorie Mécanique de la chaleur et reconnaître s'il est pur d'alliage: C'est ainsi que M. Massieu a démontré l'inexactitude de certains théorèmes formulés trop hâtivement par voie d'analogie et qu'il a fait voir que d'autres, au lieu de correspondre à des vérités générales, s'appliquaient seulernent. aux corps d'une certaine catégorie. La conception de la fonction caractéristique est le plus beau titre scientifique de M. Massieu. Un juge éminent, M. Joseph Bertrand, n'hésitait pas à déclarer, dans un rapport lu à l'Académie des Sciences le 25 juillet 1870,

que « l'introduction -de cette fonction dans les 'formules qui résument toutes les conséquences possibles des-deux théorèmes fondamentaux semble pour la théorie un se'vice analogue et presque équivalent à celui qu'a rendu Clausius » l'entropie.

en rattachant le théorème dé Carnot à

Un peu après la publication de CQ remarquable mémoire,

qui classa son auteur parmi les maîtres de la thermodynamique, M. Massieu fit paraître une note rédigée à la prière de quelques personnes qui s'étaient intéressées à son travail, et dans laquelle il donne un exposé complet des deux principes fondamentaux, qu'il avait acceptés sans les

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Il y a une trentaine d'années,. à l'époque où M. Massieu se livrait à ses recherches de mécanique rationnelle, la théorie mécanique de la chaleur n'était encore appliquée que dans des limites restreintes à l'étude des machines à vapeur. Dans l'enseignement on continuait le plus souvent à s'appuyer sur deux hypothèses dont l'inexactitude était pourtant bien démontrée. On admettait en effet que les vapeurs saturées suivent. les lois de Mariotte et de GayLussac, qui ne sont déjà pas absolument rigoureuses pour les gaz à l'état parfait, et de plus que les vapeurs, lorsqu'elles se détendent dans un 'cylindre moteur, restent à saturation sans qu'il se produise ni surchauffe, ni condensation partielle. A la vérité plusieurs savants, tels que Clausius, .Zeuner, Rankine, Combes, Résal, avaient montré 'quelles conséquences pratiques on- pouvait tirer de la nouvelle théorie et avaient donné quelques exemples numériques. Mais on n'avait pas encore établi de formule susceptibles d'être appliquées couramment dans les ateliers de construction et permettant, soit de discuter les avantages et les inconvénients de diverses dispositions adoptées dans les machines, soit de pressentir la valeur de modifications 'qu'on pourrait être tenté d'y introduire. M. Massieu avait. formé le projet de. combler cette