Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 105]

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SUR LES VARIATIONS OBSERVÉES

DANS LA COMPOSITION DES PHOSPHATES

rations de M. Ficheur dans la province d'Alger, celles de

massifs pittoresques, présentant à l'horizon des escarpements à pic (Dir ou Kildne) et parfois des formes de châteaux (Kalaa ou Guelaat). Les couches phosphatées comprennent toujours des calcaires, et, alternant avec eux, des marnes brunes, généralement feuilletées et gypsifères; mais les calcaires sont à la fois plus développés que les marnes et plus riches en

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M. Blayac dans la province de Constantine, celles de M. Aubert en Tunisie, etc.

Gîtes tunisiens.

acide phosphorique.

Les caractères principaux de l'horizon phosphaté, en Tunisie, peuvent être définis en peu de lignes, d'après les. descriptions de M. Thomas.

Sur les différents étages de la craie, qui forment l'ossature centrale des chaînes de montagnes, se sont dépode sés des limons argileux noirs, saturés de sel gemme et suessonienne. les bas-fonds de la mer gypse, comblant

Les marnes noires de la base s'entremêlent plus haut de bancs minces de calcaires marneux bruns ou. blan-

châtres, qui, -peu à peu, font place à des bancs plus épais et fossilifères, oit l'on trouve assez souvent de la silice,. soit diffusée, soit en nodules à patine blanchâtre. Puis, se. développent les marnes et les calcaires phosphatés, dont la puissance est assez constante pour une même chaîne de montagnes, mais variable d'une chaîne à l'autre. Le niveau phosphaté est recouvert par des bancs puissants de calcaire à lumachelles, principalement formés 'par Ostrea multicostata et ses variétés, ou par des calcaires faundtres à gros rognons de silex noirs. Dans le sud, ces couches sont très fréquemment redressées et forment de hautes murailles, souvent presque verticales, qui enchâssent les bancs phosphatés, beaucoup plus entamés par les érosions atmosphéi-iques. Dans la région nord des hauts plateaux tunisiens, les calcaires à lumachelles ostréennes sont remplacés par d'énormes tables de calcaire un peu cristallin et pétri de Nummulites, dont l'épais-

seur peut atteindre 60 mètres et. qui constituent

des.

Les marnes renferment une multitude de débris de sauriens et de poissons, ossements, dents, écailles et petits coprolithes ; M. Thomas y a, de plus, remarqué la présence d'une matière organique de consistance grasse et onctueuse, mais qui n'est soluble ni dans la benzine, ni dans le sulfure de carbone, et dont la proportion peut aller jusqu'à 7 ou 8 p. 100. On y trouve aussi des couches irrégulières de nodules, à surface lisse, quelquefois striée, recouverts d'une patine noire et luisante.. Les plus volumineux, dont la grosseur atteint celle d'un melon, sont entièrement calcaires à l'intérieur ; le phosphate, accumulé à la surface, constitue à peine 5 ou 6 p. 100 de la masse. Au contraire, les petits nodules; et, en particulier, les véritables coprolithes, qui sont cylindriques, bruns et recouverts aussi d'une patine luisante, contiennent jusqu'à 70 p. 100 de phosphate (*). Les marnes ne contiennent

pas de grains glauconieux, contrairement à ce qui a lieu pour les calcaires, mais elles montrent souvent des filets interstratifiés de gypse cristallin, des nodules de strontiane sulfatée et des sels alcalins, qui se révèlent par des efflorescences naturelles blanches.

Les calcaires phosphatés, alternant avec les marnes brunes, ont une coloration qui varie du gris jaunâtre clair au brun verdâtre ; .ils sont légers, grenus et peu. consistants. Le poids spécifique de la roche dépasse rarement 2 (*) Analyse du Bureau d'essai de l'École des Mines du 19 octobre 1885.