Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 323]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

des sources des. Vosges ; entre temps, il détermine le mode de formation du minerai .de fer dans les marais et les lacs de la Lorraine et des Vosges, par l'action réductrice des matières organiques. Comme métallurgiste, à la même époque, il examine le

gisement et la constitution des amas-d'étain en France, en Angleterre et en Allemagne' ; après d'autres voyages, il donne des notes sur les dépôts métallifères de la Suède et de la Norvège et sur les phénomènes erratiques scandinaves.

Dès lors commence à apparaître le caractère particulier de son oeuvre, oeuvre qu'il poursuivra à travers les situations les plus hautes qui vous ont été.retracéeS. Après l'analyse -chimique et la décomposition des roches, il cherchera inversement à recomposer leurs éléments', à reproduire les conditions qui ont pu leur donner naissance, à refaire artificiellement les minéraux naturels. Les oxydes d'étain, de titane, l'apatite, la topaze sortent de son. creu-

set, en 1851, et nous le retrouvons encore, en 1876, cherchant à imiter les roches qui accompagnent le platine natif. En 1859, il est en pleine possession de son talent et il publie ses Études et expériences synthétiques sur le métamorphisme et la formation des roches cristallines, travail capital qui restera le plus important de sa carrière : il démontre que la chaleur seule ne suffit pas pour eXpliquer tous les phénomènes de transformation des roches, il ajoute que les vapeurs minérales- peuvent 'être un auxiliaire utile, mais qu'elles sont encore insuffisantes, .enfin, que c'est l'eau circulant partout dans les roches qui doit être considérée comme l'agent essentiel du métamorphisme, le grand minéralisateur, des masses, conclusion considérable trop souvent oubliée aujourd'hui. Il dit luimême : « A mesure qu'on approfondit davantage ce qui. se passe dans l'écorce du globe, on voit s'agrandir ce

DE M. DAUPRÉE

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cercle de décompositions et de recompositions successives, qui forment en quelque sorte l'activité et comme la vie de la matière inorganique. » Vers 1866, il dirige ses études sur les météorites et s'acharne à leur analyse, leur classification et finalement leur reproduction dans son laboratoire. Il en forme, au Muséum, une collection de la plus haute valeur: Rapporteur des progrès de la géologie expérimentale à l'Exposition universelle de 1867, Daubrée a analysé les travaux de ses émules et résumé les siens propres sur un sujet oh il lui avait été donné- de faire de si précieuses trouvailles. Il y établissait les points de ressemblance et de dissemblance entre les pierres célestes et les pierres terrestres. Tous ces travaux sont résumés dans deux forts volumes parus, en 1879, sous le titre d'Études synthétiques de géologie expérimentale. Après avoir étudié l'action chimique, il s'était plu à essayer l'action mécanique sur les roches terrestres ;

institua de nombreux essais permettant de s'assurer comment, par la pression, s'opèrent les cassures dans le sol, créant les expressions de diaclase et de- paraclase qui ont fait fortune, reproduisant, dans son cabinet, sur une feuille fragile, le réseau des fractures du sol en imitation parfaite des aecidents géologiques révélés par la géographie. A une époque plus rapprochée; Daubrée s'est occupé beaucoup d'hydrologie, des Eaux souterraines à l'époque

actuelle et aux époques anciennes (1887), reliant ces oeuvres nouvelles avec ses analySes et ses synthèses anté-

rieures et cherchant à découvrir les lois de la circulation des eaux dans les couches du globe ; c'était tm des. côtés de l'application des sciences géologiques qui lui tenait le plus à coeur et qui m'ont souvent alors rapproché de

Il cherchait comment la géologie pouvait être utile à