Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 107]

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ÉTUDE ADMINISTRATIVE

On pourrait se livrer sur ce sujet à des discussions théoriques interminables ; si l'on se rappelait en même temps que, en dehors des mathématiques pures, toutes les connaissances humaines reposent sur l'étude des faits et sur les lois que l'expérimentation permet d'en déduire, on pourrait regretter de ne pouvoir instituer quelque part une mine où l'on ferait l'expérience loyale et suffisamment

prolongée du principe nouveau et l'étude de toutes ses conséquences. Or, il se trouve que justement, et par suite de circonstances diverses et très spéciales, quelques cas

existent sur notre territoire oit des exploitations minérales, s'écartant du droit commun et du droit minier, se rapprochent plus ou moins de la situation qu'il -faudrait créer. Leur étude ne peut manquer, dès lors, d'offrir un

réel intérêt. Le plus remarquable de ces cas particuliers est celui des mines. de fer de Rancie (Ariège). Par leur existence très ancienne, par les modifications succes-

sivement tentées pour parer aux maux dont elles ont été le théâtre, par la dernière, toute récente, qui vient d'y être réalisée, il me parait que l'historique de ces mines constitue un enseignement de premier ordre, en même temps que, au point de vue technique et administratif, il en peut sortir dés aperçus assez curieux. J'ai tenté de réaliser ce programme dans les lignes qui vont suivre. Les documents anciens que je citerai ont été déjà men-

tionnés dans le grand ouvrage de François, mort il y a quelques années, inspecteur général des mines, et qui, au début de sa carrière, dans ses Recherches sur le Traite-

ment des Minerais de fer dans les Pyrénées, publiées en 1843, préludait aux travaux si remarquables sur les sources thermales qui feront vivre son nom.

SUR LES MINES DE RANCIE

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" - NATURE DU GÎTE DE RANCIE._

Les deux versants des Pyrénées présentent en nombre considérable des vestiges d'exploitation de minerais métalliques remontant évidemment à des époques très reculées. Les mines de fer y sont nombreuses. Celle de Rancié, qui s'est maintenue en activité jusqu'à-nos jours, prend son nom d'un pic qui s'élève sur le flanc droit de la vallée de Vicdessos, parcourue par un affluent de l'Ariège qui

rejoint la rive gauche de ce. dernier cours d'eau à Tarascon. Elle présente cette particularité que, depuis an moins la fin du xne siècle, et probablement longtemps

avant, elle a été exploitée dans des conditions toutes spéciales. Bien que le but de ce travail soit essentiellement

celui que j'ai exposé plus haut, il n'est pas sans intérêt, dans une courte digression technique, de donner avant tout une idée générale du gîte. On a discuté sur sa nature; plusieurs personnes ont voulu

y voir un gisement interstratifié, et appuient leur opinion sur la considération que le minerai se montre fréquemment compris entre les bancs de calcaire qui le renferment parallèlement sans offrir l'apparence du filon classique

avec les épontes et les matières de remplissage

qui

décèlent aux yeux une formation filonienne, mais l'étude

approfondie de l'ensemble ne permet pas de se tenir à cette opinion; dès 1863, M. l'ingénieur 1\iiussy avait établi avec force que le gîte n'est point contemporain des bancs qui lè contiennent. Ce qui rendait la distinction difficile,

c'est que la différence entre la direction des calcaires et celle du gîte est faible, quelques degrés seulement, et qu'il en est de Même en ce qui concerne les inclinaisons, lesquelles sont toutes deux dirigées dans le même sens, vers le sud. Cet autre fait que ces inclinaisons des bancs

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