Annales des Mines (1895, série 9, volume 8) [Image 179]

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même facilement que le système provoquant automatiquement de petites baisses de salaire, et n'acculant jamais l'exploitant à la nécessité d'opérer de grandes et subites réductions, évite en partie le mécontentement ouvrier et les grèves, du moins pendant le cours d'une convention et lorsqu'une forte crise n'entraîne pas le salaire trop bas. On se rend compte, enfin, qu'une espèce de participation aux bénéfices est désirable pour améliorer les relations actuelles du capital et du travail et mieux solidariser leurs intérêts. Peut-on déduire de la synthèse des inconvénients signalés, d'autre part, par l'expérience une formule satisfaisante qui permette de conserver aux populations minières les avantages du système ? Le problème est particulièrement intéressant

pour l'industrie des mines qui semblait offrir aux échelles mobiles deux excellentes conditions de réussite :en premier lieu de fortes agglomérations ouvrières, assez bien organisées et disciplinées; en outre une grande importance du salaire dans les élé-

ments du prix de revient, c'est-à-dire une raison théorique de lier le prix de vente au salaire, pour organiser à forfait la participation aux bénéfices. Tout d'abord, est-il vrai que le système de l'échelle mobile, liant le salaire aux prix de vente, ait favorisé la baisse des cours?

Cet effet a été mis en avant par les associations ouvrières; on peut, dans une certaine mesure expliquer leurs assertions. Soit IO shellings le cours du charbon. Le patron garanti par le Sliding Scale traitera plus volontiers qu'un autre à 9 schellings pour enlever un gros marché et accroître sa production; ce faisant, il ne supportera qu'une partie de la baisse.

On dit bien que le patron a, autant que l'ouvrier, le désir des beaux bénéfices; mais le patron joue sur une troisième donnée qui n'intéresse pas directement l'ouvrier; le patron, en développant sa production, accroît son bénéfice total à la

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Une des principales causes de mécontentement soulevées par le

système est l'écart entre les prix de vente moyens et les cours et le retard forcé qu'éprouve la hausse des salaires par rapport à la hausse des cours. Les ouvriers, impatients et méfiants, voudraient voir leur salaire suivre de près l'allure des cours, au moins à la hausse, mais cela n'est pas ordinairement possible. Le patron ne peut payer le salaire qu'avec l'argent touché ou escompté de ses ventes, c'est-à-dire, en raison du prix moyen de vente de ses produits. Or, ces prix moyens sont loin de suivre

les cours. D'abord, les différentes qualités de charbons, très nombreuses, sont produites et vendues en quantités variables suivant les époques. En outre, le disponible, sur lequel se cotent les cours, est généralement faible, car c'est une nécessité pour des travaux de longue prévoyance comme ceux des mines d'assurer l'écoulement d'une forte partie de la production par des contrats à longs termes. Cette seconde cause produit des différences particulièrement importantes entre les prix cotés et

les prix moyens dans les périodes de hausse rapide ; d'où, durant ces périodes, un mécontentement sourd et mal défini des ouvriers. La nécessité de procéder à une vérification des prix de

vente est à son tour cause du retard qu'éprouve la hausse des salaires. Ainsi, dans l'échelle de Galles, le prix applicable pour les mois de janvier et février servira de base pour la période d'avril et de mai, et ainsi de suite tous les deux mois. On comprend donc comment les ouvriers sont amenés à demander des échelles de plus en plus rapides. C'est du même sentiment d'impatience que procède le désir d'avoir des échelles de plus en plus sensibles à la hausse. Et, en fait, l'ouvrier peut, sans le secours de l'échelle mobile, obtenir des hausses plus rapides et des baisses plus lentes, au prix, il est vrai, de luttes continuelles.

fois par une diminution du prix de revient et par une augmentation du nombre des unités vendues; ces éléments n'influent pas sur le salaire de l'ouvrier dans le système de l'échelle !no, -bile. Il y a, sans doute, des objections à faire à cette argumentation. Ainsi, si le marché est enlevé en période d'écoulement dif-

On a proposé d'établir de doubles sauts (2 p) du salaire pour une même variation (a) du prix de vente au-dessus d'une certaine limite, de diminuer en compensation à moitié de la valeur nor-

arrivera qu'il serve simplement à maintenir ou à

prix de vente. Cette solution semblerait de nature à. donner aux ouvriers des échelles plus sensibles à la hausse et à écarter lès

ficile, il

rétablir la production normale de l'ouvrier, à le garantir contre un risque de chômage. Mais il faut reconnaître que l'on se trouve, somme toute, devant une première difficulté née .de la substitution arbitre du prix de vente an bénéfice réalisé dans les formules de partage des produits de l'extraction.

male (1) l'échelon de salaire au-dessous d'un autre taux du 2

dangers qu'elles courent lorsque le charbon est à des cours extrêmes (*) Quant à la rapidité de la hausse, il semble difficile (*) Les essais de ce genre qui ont été faits, en particulier dans le bassin