Annales des Mines (1895, série 9, volume 8) [Image 161]

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316 GISEMENT DE PHOSPHATES D'ALUMINE ET DE POTASSE

conviendraient à un phosphate monométallique et à un phosphate bi-métallique. Or l'eXpérience suivante confirme cette observation

si l'on fait chauffer la matière phosphatée dans l'eau,

on peut bientôt constater que celle-ci a dissous un phosphate qui ne colore ni la solution jaune de méthylorange en rouge, comme les phosphates alcalins monométalliques, ni la phénolphtaléine en violet, comme les phosphates bi-métalliques. Les deux réactifs colorants y subsistent sans aucun changement de couleur, de même qu'ils subsistent dans les mélanges de phosphates monoet bi-métalliques. La genèse des minéraux trouvés dans la grotte de la Tour - Combes paraît s'expliquer entièrement par des

apports ou des infiltrations du dehors. La circulation des eaux dans la grotte a laissé sa trace dans les formes arrondies des parois et dans les stalactites du toit le fond stalagmitique est recouvert de terres rougeâtres assez analogues d'aspect à celles qui couvrent le sol près de l'orifice de la caverne.

Le calcaire des parois ne renferme pas de phosphate; les terres de l'extérieur ont donné à l'essai 0,16 à 0,17

p. 100 d'acide phosphorique; les terres de l'intérieur 2,70 p. 100 du même acide. Il semble donc bien y avoir eu, dans ces dernières, une concentration des substances phosphatées, sous l'influence des eaux venues du dehors. Une ségrégation plus avancée doit avoir donné naissance aux veines et aux nodules de phosphates alumineux disséminés au milieu des terres rouges. C'est aussi de l'extérieur que doivent avoir été apportés les oxydes de manganèse et de cobalt, qui recouvrent quelques-unes des petites masses phosphatées. On ne retrouve pas dans la caverne de la Tour-Combes, comme dans beaucoup d'autres et dans celle de Minerve en particulier, de nombreux débris d'ossements de ver-

TROUVÉ EN ALGÉRIE.

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tébrés, auxquels on puisse attribuer l'origine des phosphates; mais il a pu exister, à la surface du sol, des amas de matières organiques, animales ou végétales, sortes de guanos, dont le phosphore et l'azote, convertis par oxydation en phosphate d'ammoniaque, ont pu être entraînés par les eaux vers la dépression de la grotte ou vers les fissures qui la mettaient en communication avec la surface. L'azote a dû être, en majeure partie, converti par l'air et les ferments, en nitrates solubles qui ont disparu ;niais il est cependant resté aussi un peu de matière organique et peut-être une certaine quantité d'ammoniaque fixée à l'état de phosphate, comme je l'ai dit plus haut. C'est aussi aux infiltrations du dehors qu'il faut attribuer les autres éléments reconnus dans les phosphates,

notamment la potasse, la silice et l'alumine. Il n'y a aucune difficulté à expliquer la pénétration de la potasse sous forme de sels solubles et sa fixation sous forme de phosphate complexe. Pour la silice, on sait déjà, par de nombreux exemples, que, malgré son peu dé solubilité,

elle est souvent transportée d'un lieu à un autre par des phénomènes successifs de dissolution et de dépôt chimique.

On est en droit de supposer qu'il en est de même de l'alumine, soit en vertu d'un certain degré de solubilité de cette substance elle-même dans les eaux naturelles, soit par suite d'une transformation en sels solubles, sous l'influence des nitrates, par exemple, et de l'acide carbonique.

Quelle qu'en soit l'explication, le fait en lui-même de la dissolution de l'alumine n'est pas douteux ; nous en avons des preuves certaines, d'une part dans l'existence d'une petite quantité d'alumine dans les cendres de végé-

taux où elle n'a pu pénétrer que dissoute, d'autre part dans la fixation par métamorphisme d'une proportion parfois très importante d'alumine dans la substance des Tome VIII, 1895.

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