Annales des Mines (1895, série 9, volume 8) [Image 159]

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312 GISEMENT DE PHOSPHATES D'ALUMINE ET DE POTASSE

grotte et des divers minéraux phosphatés qu'on y a trouvés. Il a donné le nom de Minervite à un phosphate d'alumine hydraté, avec léger excès d'alumine, dont la composition serait voisine de P205. ill203. 7E20. L'étude de ce gisement l'a conduit à énoncer une théorie, nouvelle sur certains points, de la genèse des phosphates minéraux et, en particulier, des phosphates d'alumine et de fer. Cette théorie est fondée sui° la transformation du phosphore organique, contenu dans les matières azotées,

qui, sous l'influence de ferments oxydants, donnerait naissance à des phosphates ammoniacaux. Ceux-ci étant dissous et arrivant au contact de calcaire ou d'hydrate d'alumine, voire même d'argile ordinaire, se convertiraient en phosphates. tricalcique et bicalcique ou en phosphates d'alumine, tandis que le carbonate d'ammoniaque

naissant serait oxydé, grâce aux ferments nitriques, -et transformé, au contact du calcaire, en nitrate de chaux, facilement entraîné par les eaux souterraines. Les faits observés dans le gisement oranais, dont je

vais parler, ont une assez grande analogie avec ceux observés par M. Gautier et paraissent de nature à apporter une confirmation à sa théorie. M. Paul Pallary, professeur à Eckmiihl-Oran, qui avait déjà reconnu plusieurs gisements de phosphorite dans la

région voisine, ayant appris que M. Fabriès , d'Oran, exploitait des phosphates blancs, terreux, 'différents des phosphates ordinaires, visita le gîte à plusieurs reprises et voulut bien me donner des renseignements précis et m'envoyer les échantillons que j'ai soumis à l'analyse. Le gîte de phosphate se trouve dans le territoire de la commune de Misserghin , à 10'"11,4 d'Oran , près de la Tour-Combes, sur le côté gauche de la route nationale d'Oran à Tlemcen. C'est une caverne à stalactites, dans laquelle on pénètre par une ouverture à fleur de terre, signalée par un figuier. Les parois de la caverne sont

TROUVÉ EN ALGÉRIE.

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formées par un calcaire compact, faiblement cristallin, sans fossiles, que l'on rapporte à l'étage supérieur du miocène, nommé le Sahélien. Le fond de la caverne est formé par une stalagmite calcaire ; il est recouvert par une couche, épaisse de 1 à 3 mètres, de terre d'un brun

rougeâtre, où l'on aperçoit des veines et des masses spongieuses blanchâtres ou bariolées de jaune, de rouge ou de noir, qui sont l'objet de l'exploitation pour phosphates.

L'étendue de la caverne, telle qu'elle est connue aujourd'hui, n'est pas considérable; mais on ignore si, par quelque ramification, elle ne communique pas avec d'autres cavernes analogues. MM. Pallary et Fabriès l'ont explorée avec soin,- sans y trouver aucun ossement de vertébré, mais seulement un silex taillé et quelques Helix d'ancienneté douteuse, qui pourraient avoir été entraînés par les pluies avec la terre rougeâtre à une époque plus récente que les temps quaternaires ("). L'examen des échantillons de teintes diverses, envoyés

par M. Pallary, m'a appris que la matière blanche est principalement formée de phosphate alumineux avec de la silice en proportion variable et parfois un peu de phosphate de chaux ; teintée en brun, elle renferme de l'oxyde

de fer; d'autres fois, elle est colorée en noir par de l'oxyde de manganèse et un peu d'oxyde noir de cobalt. Les masses agglomérées sont rarement plus grosses que le poing ; elles sont arrondies, légères, onctueuses

au toucher, faciles à écraser entre les doigts, surtout quand elles sont encore humides ; elles happent fortement à la langue lorsqu'elles sont sèches. La matière pure et blanche est comme farineuse ; le microscope n'y révèle aucune cristallation. (*) M. Paul Pallary, Association française pour l'avancement des sciences, Caen, 1894, p. 437.

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