Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 305]

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602 LES SOURCES THERMALES DE NÉRIS ET D'ÉVAUX.

loppe rien, aurait dû suffire à prouver qu'il n'y avait là aucune génération spontanée. Ces végétations sont les conferves qui ont été étudiées en grand détail à Néris par MM. de Laures et Becquerel (*).

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qui se présente pour nombre de plantes aquatiques en dehors des sources thermales, pour les varechs dans l'eau

de mer, etc. L'association de l'iode avec le chlore et le fluor de l'eau est, d'ailleurs, toute naturelle.

On en observe : 1° dans les puits où l'eau est tranquille (puits de la Croix, à Néris) et dans les bassins chauds

de Néris ou d'Évaux; 2° dans les bassins de réfrigération, ces dernières moins développées et d'une autre nature. A Néris on cultive, en quelque sorte, les conferves dans des bassins spéciaux, où on a pu observer leur déve-

loppement progressif. C'est au bout de 48 heures qu'on commence à apercevoir, sur les parois de pierre, une substance vague où s'accrochent des bulles de gaz argen-

tées. Au bout de 15 jours, il s'est formé une sorte de pyramide verte emprisonnant des gaz. Cette pyramide continue à croître, parfois jusqu'à 1 mètre de hauteur, puis, sous une influence quelconque, rompt son adhérence à la pierre pour venir s'étaler à la surface, où elle se décompose rapidement. Examinée an microscope, la conferve comprend : 1° une substance gélatiniforme qui disparaît peu à peu, à mesure que le végétal se forme, pour s'organiser en filaments entrelacés, tubes cloisonnés et ponctués ; 2° des cristaux de substances salines en dissolution dans l'eau : carbonates

de chaux et de soude, ,sulfate de soude et chlorure de calcium; 30 des gaz composés de 60 p. 100 d'azote, 38 d'oxgyène, 6 d'acide carbonique: Il est remarquable que l'on trouve, dans les conferves, aussi bien à Néris qu'à Evaux, des quantités appréciables d'iode, alors que, dans l'eau même, l'analyse chimique est impuissante à reconnaître ce corps ; mais c'est un fait (1 1855. Recherches sur les conrerves des eaux thermales de

Néris (Ann. Soc. hydrol. médicale). Inutile de dire qu'on a appelé ces conferves de Néris, Nérisine, comme celle de Barèges, Barégine, etc.

D.

Composition chimique des eaux.

Les eaux de Néris et d'Evaux présentent ce caractère coMmun d'avoir une minéralisation extrêmement faible,

dont les seuls éléments en quantités appréciables sont les alcalis (surtout la soude) avec un peu de chaux, de fer ou d'alumine, unis à du chlore, de l'acide sulfurique ou de la silice.

Le poids de résidu fixe par litre est de Igr,44 à Néris de Igr,95 à Evaux, c'est-à dire inférieur à celui de nombre d'eaux considérées comme douces. On peut comparer ces eaux aux thermes alpestres, ou wildbilder, de Suisse, du Tyrol, etc., qui présentent le même caractère de sortir au jour à une haute température, avec une minéralisation insignifiante ; dans les deux cas, ce défaut de minéralisation s'explique très bien par la circulation profonde des eaux dans des terrains qui ne renfermaient ni principes naturellement très solubles comme le chlorure de sodium et le gypse, ni élément gazeux volcanique, tel que l'acide carbonique, capable de favoriser la dissolution des alcalis renfermés dans les roches; peut-être même doit-on supposer une véritable distillation interne de ces eaux ayant abandonné, en passant à l'état de vapeurs, les principes d'abord -dissous. Comme point de comparaison, les eaux célèbres de Gastein (Tyrol), d'une température maxima de 49°, ne contiennent que des traces à peine sensibles de sels alcalins ; celles de Ragatz (Grisons), à 37°,5, tiennent 0gr,027 de sels (carbonate de chaux, etc.). Officiellement les sources dont nous nous occupons sont classées : celles de Néris comme bicarbonatées et