Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 151]

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294 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST MALLARD.

application capitale à la théorie des explosifs, en fournissant, pour le calcul de leur puissance, des formules dont l'usage s'est rapidement généralisé, à l'étranger comme en France. C'est peut-être dans l'étude consacrée par Mallard aux

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des corps capables de détoner à une température assez peu élevée pour que, après détente, l'inflammation du grisou devint impossible. Après divers tâtonnements Mallard fut conduit à essayer de l'azotate d'ammoniaque,

explosifs de sûreté que s'est le mieux révélée l'efficacité avec

corps qui n'est pas détonant par lui-même, mais qui le devient au contact d'un explosif proprement dit. La tem-

laquelle l'esprit scientifique peut intervenir dans la solution des problèmes industriels. La statistique avait démontré que les deux tiers des accidents de grisou étaient occasionnés par le tirage des coups de mines. Beaucoup de personnes, même parmi les ingénieurs, n'hésitaient

on est parvenu, par des mélanges convenables, à réaliser des cartouches dont la détonation ne produit pas plus de 1.500 degrés, et qui, en usage dans toutes les

pas à conclure à la suppression pure et simple de l'emploi des explosifs, mesure qui eût entraîné une notable aggravation du prix de revient de la houille.. Mollard crut que cette suppression ne s'imposait pas nécessairement. Bien que la température d'inflammation

du grisou ne fût que de 650 degrés, alors que la combustion des explosifs connus en développait plus de 2.000, il pensa qu'on pourrait éviter l'inflammation du gaz dangereux, en profitant d'une propriété qu'il avait constatée au cours de ses recherches : à savoir que ce gaz, pour prendre feu, a besoin d'être maintenu pendant un certain temps à la température qui doit déterminer l'explosion. Grâce à cette sorte de paresse, à ce retard l'inflammation, comme on l'a qualifié, il semblait à Mal-

lard qu'un refroidissement rapide des gaz dégagés par les explosifs devait suffire pour empêcher les coups de

pérature de détonation de ce corps étant de 1.100 degrés, tandis que celle des explosifs usuels est de 2.500 degrés,

munies depuis deux ans, n'ont jusqu'ici provoqué aucune

explosion de grisou. Moins d'une année de recherches méthodiques avait suffi pour produire ce beau résultat, qui assure la préservation de tant de vies humaines, en même temps que le maintien de conditions économiques pour l'exploitation du charbon de terre. Il faut ajouter que Milliard a établi, d'une façon défini-

tive, comme quoi le grisou préexiste dans la houille, condensé comme il pourrait l'être au sein d'un corps poreux ; enfin qu'on lui doit la première idée de l'emploi

des lampes à alcool, en qualité d'indicateurs du gaz dangereux. Aussi, qui pourrait hésiter à dire avec ,

M. Haton de la Goupillière : « Quelle admiration ne commandent pas, au point de vue humanitaire, des recherches dans lesquelles on voit toute l'intelligence d'un Mallard disputer pied à pied au grisou ses victimes, et

grisou.

dompter finalement, dans une partie de ses effets des-

Jugée trop hardie au début, l'idée ne tarda pas à être reprise , et celui qui l'avait formulée fut chargé d'en étudier l'application, de concert avec les ingénieurs des poudres, à Sevran-Livry. Or, la seule cause efficace de refroidissement est la détente rapide des gaz, et cette

d'honneur en 1888, Mallard avait été chargé, en 1890,

tructeurs, le vieil ennemi du mineur? » Inspecteur général depuis 1886, officier de la Légion de l'inspection de la division minéralogique .du nord-est.

Ses rares qualités lui assuraient, au conseil des mines,

détente se montrait insuffisante même avec les explosifs

brisants, tels que la dynamite. Il fallait donc trouver

(*) Discours aux funérailles.