Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 142]

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276 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR ERNEST MALLARD.

ture scientifique du milieu qui s'offrait à lui pour donner, au cours de cristallographie, une ampleur qu'on n'avait pas encore connue. A l'École polytechnique, il avait eu Bravais pour professeur de physique, et il était de ceux que la profondeur de cet esprit original n'avait pas laissés insensibles. Mieux qu'un autre, il se trouvait à même d'aborder sans

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crainte ces Études cristallographiques, d'apparence si rébarbative, mais dont Élie de Beaumont avait, quel(lues années auparavant signalé le puissant intérêt. Mallard s'aperçut bien vite que, sous les dehors d'une analyse presque transcendante, les doctrines de Bravais

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répandre les mêmes doctrines et ont trouvé bon accueil parmi les étudiants. C'est toute une révolution dans l'enseignement; et il est permis d'ajouter que c'est une révolution nationale, par laquelle la science française, revenant en fait aux lumineuses conceptions d'Hatiy, a réussi à leur donner une base tout à fait rationnelle, mais sans

s'écarter jamais de la considération essentiellement concrète des polyèdres moléculaires.

Le Traité de Cristallographie comprend deux volumes le premier, qui traite de la cristallographie géométrique, a paru en 1879. Le second, consacré à l'exposé des phénomènes optiques, a été publié en 1884. Jamais la ma-

cachaient une réelle simplicité géométrique. Étant arrivé

tière n'avait été traitée avec une pareille ampleur. A

d'ailleurs à se persuader qu'elles offraient un caractère de nécessité philosophique égal à celui des lois de la mécanique, il entreprit de les donner pour base à une science que l'empirisme avait jusqu'alors gouvernée, et d'où il semblait même que la trace féconde laissée par Hatiy tendît à s'effacer sous l'empire des conceptions l'exposition orale du professeur fût particulièrement brillante; mais on la sentait si solide, et c'était une si grande satisfaction, pour des esprits habitués à la rigueur mathématique, de voir dans quel lumineux enchaîndment tous

chaque instant, d'ailleurs, les vues originales de l'auteur se mêlent au développement des théories acquises, trahissant toujours le géomètre et le penseur. Quoi de plus remarquable, entre autres, que cette démonstration par laquelle Mallard établit que, pour toutes les propriétés des corps, la représentation exprimée par l'ellipsoïde s'impose comme une conséquence nécessaire de cette hypothèse, à coup sûr inexacte, que les propriétés des corps doivent être des fonctions continues des coordonnées du milieu? De sorte qu'au lieu de traduire une loi de la nature, les ellipsoïdes optique, thermique, etc., résultent implicitement du procédé mathématique appliqué à l'étude des

les faits de la cristallographie pouvaient être déduits

phénomènes!

allemandes.

Le succès de cette tentative a été complet ; non que

d'un principe unique, lui-même imposé par la notion de l'homogénéité! Bientôt Mallard faisait école. Ce qu'il avait réalisé en vue des polytechniciens, d'autres, s'en-

gageant encore plus dans la voie des simplifications, l'essayaient à leur tour pour les clients habituels des facultés des sciences. Aujourd'hui la méthode rationnelle a pris pied partout. A l'abri du magnifique Traité dé Cristallographie de Mallard, ouvrage malheureusement

inachevé, des livres plus élémentaires, ont cherché -à

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C'est dans le troisième volume que l'auteur devait réunir et coordonner, en leur donnant une forme définitive, tous ses travaux relatifs aux groupements cristallins, ainsi qu'aux diverses manifestations physiques de la matière cristallisée. Un article publié par Mallard, en 1882, dans l'Encyclopédie chimique, donne un aperçu

de ce que promettait ce volume. Il n'en fait que plus vivement regretter que la mort ait empêché l'achèvement d'un tel ouvrage.