Annales des Mines (1894, série 9, volume 6) [Image 298]

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BULLETIN.

BULLE TIN .

peut prendre le développement et ne peut donner les résultats qu'elle comporte si elle ne dispose pas a) D'un champ suffisamment étendu pour correspondre aux installations mécaniques devenues indispensables; b) Une durée suffisante pour permettre l'abatage dudit champ; c) Les sommes nécessaires pour faire face aux dépenses d'installation, de préparation des chantiers, d'exploitation gîte, etc., et pour constituer un fonds de roulement important. Or en Sicile les; champs d'exploitation correspondent à des terrains d'une superficie très limitée, parfois dérisoire; la durée des amodiations est toujours trop courte. Dès que manquent ces deux éléments primordiaux, l'espace et le temps, on ne doit pas s'étonner de voir manquer le troisième, le capital; il n'est pas aisé de décider une puissante compagnie ou un riche capi-

tance des stocks dans les ports (*) et le défaut de demandes. Or, ce défaut de demandes n'est que la conséquence du monopole des ventes entre les mains de ces spéculateurs. Si l'amodiataire pouvait garder son soufre pendant un temps suffisant pour se

taliste à mettre ses capitaux dans une entreprise à laquelle feraient

défaut, dès l'origine, les premières conditions de vitalité Ainsi s'explique que la classe des amodiataires se compose en grande partie de personnes dénuées des fonds nécessaires pour conduire la plus modeste exploitation et contraintes à se procurer à grand peine l'argent pour les besoins courants, en laissant une bonne partie du produit environ 20 p. 100 aux mains des usuriers. Par les mêmes raisons les gabellolti sont conduits à exploiter de la façon la plus fàcheuse, gaspillent le plus souventune richesse qui ne se reproduit pas, et ils sont contraints à vendre à tout prix au grand profit des joueurs à la baisse. Il faut maintenant expliquer en quoi consiste ce jeu à la

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le faire demander au lieu d'avoir à l'offrir, le jeu à la baisse serait perdu et les prix devraient, nécessairement monter. Mais l'amodiataire a d'autant plus de besoins que l'industrie est plus languissante; il lui faut donc réaliser sa marchandise en favorisant les menées des baissiers, qui finissent toujours par avoir partie gagnée. «

Ces brèves observations paraissent devoir suffire pour

montrer la nécessité urgente de prendre des mesures efficaces pour supprimer graduellement, voire même radicalement les maux très sérieux qu'on a à déplorer. On ne veut pas ici discuter ces mesures : on dira. seulement que, pour atteindre ce but, elles doivent avoir essentiellement pour objet de restreindre dans des limites plus équitables les exigences excessives des propriétaires du sol ; après quoi l'industrie des soufres, en Sicile,

entrera certainement dans une nouvelle voie, assurant aux capitaux qui y seront consacrés de beaux bénéfices, aux propriétaires superficiaires une meilleure utilisation des gîtes de leurs tréfonds, et substituant pour les ouvriers (**) une vie confortable la misère actuelle. » L. A.

baisse.

En Sicile le commerce d'exploitation du soufre est entre les mains de quelques maisons qui s'interposent entre les producteurs et les consommateurs. Depuis quelque temps les plus puissantes de ces maisons, établies principalement a Messine et à Catane, paraissent avoir trouvé de grands profits dans la dépression des cours, et voici comment elles l'obtiennent : elles commencent

par proposer à leurs correspondants étrangers l'acquisition de fortes parties et cherchent à les décider par des prix réduits. Ces propositions sont faites à découvert, c'est-à-dire sans que

le vendeur se soit d'abord assuré la marchandise qu'il vent

(*) Les stocks dans les ports ne laissent pas, en effet, d'ètre fort importants; le rapport les évalue au 31 décembre 1893 à 913 000 tonnes, soit à 57

vendre. Les contrats passés; les maisons d'exportation ne reculent

p.

devant aucun moyen 'pour avoir an moindre prix possible le soufre dont elles ont besoin. Les moyens employés pour atteindre

ce but consistent à signaler l'excès de la production, l'impor-

100 de la production de l'année et l'augmentation sur 1899 serait de

19.000 tonnes ; mais par contre les stocks sur place à l'intérieur ont diminué de 16.000 tonnes; de sorte que le stock réel ne parait pas avoir varié dans l'année 1893.

.(**-) Le nombre des ouvriers occupés dans les mines de Sicile est de 30.886.