Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 199]

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PROCÉDÉS D'ESSAI

modes de rupture. J'ai discuté tout au long cette question dans le corps du mémoire et montré que cette supposition était absolument contredite par les faits ; il n'y a pas lieu d'insister davantage. L'essai à l'eau de mer semble en effet, a priori, inutile pour les ciments destinés à être employés à l'eau douce

ou à l'air, mais ce n'est encore là qu'une supposition. La supposition contraire est également soutenable et, pour ma part, je serais assez porté à croire que les qualités de résistance à l'eau de mer et aux intempéries atmosphériques Sont extrêmement voisines, sinon identiques. Mais il n'y a pas lieu, pour le moment, de s'appesantir outre mesure sur cet essai, pour lequel rien de satisfaisant n'a encore été fait. En mettant les choses au pis, c'est-à-dire en supposant que l'essai à l'eau de mer, lorsqu'il sera trouvé, soit tout à fait inutile pour les ciments employés aux travaux non maritimes, on sera conduit à introduire dans le cahier des charges général

un article que l'on supprimera là où il sera jugé 'sans intérêt. La rédaction d'un cahier des charges unique est donc possible: l'expérience des pays voisins, l'Allemagne, la Suisse, la Russie, 'est d'ailleurs là pour le prouver et la nôtre aussi dans une certaine mesure, puisque le cahier des charges de Boulogne rédigé en vue de travaux à la mer est appliqué aujourd'hui par le Génie militaire à des fournitures destinées aux travaux de fortifications. La seconde question d'ordre général à discuter avant d'aborder la rédaction d'un projet, de cahier des charges est la suivante. Il est indispensable de n'introduire dans un cahier des charges général que des essais sur l'efficacité desquels tout le monde soit d'accord. On ne peut demander à un ingénieur d'apprécier la qualité d'un produit qui lui est livré d'après des caractères qui ne lui semblent mériter aucune con-

DES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

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fiance; il est également difficile d'imposer à un fabricant des conditions dé réception onéreuses pour son industrie quand il n'est pas impossible de soutenir qu'ils n'apportent aucune garantie ,sérieuse au consommateur. Cependant les essais sur lesquels tout le monde peut se mettre d'accord aujourd'hui sont absolument insuffisants , et personne ne conteste qu'il y ait intérêt à en chercher de nouveaux. Mais pour faire accepter ces nouveaux essais

d'une façon générale, il faudra qu'ils aient auparavent fait leur preuve à l'usage. On se trouve donc pris dans un cercle vicieux dont il faut sortir. On pourrait le faire, ce Me semble, en divisant comme l'avaient d'ailleurs fait MM. Guillain et Yétillart , les essais en deux catégories

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Les essais de réception proprement dits, ou essais de

qualité ;

Les essais d'identification. Dans la première catégorie, on mettrait les essais dont l'efficacité est incontestée. Dans la seconde catégorie, les essais contestés, soit les nouveaux essais qui doivent faire leurs preuves avant de passer dans la première catégorie, soit au contraire les -essais reconnus défectueux et appelés à disparaître, mais que l'on ne veut cependant pas, par respect pour la tradition, éliminer trop brusquement. C'est pour cette

seconde catégorie que M. Guillain avait imaginé la classe en question. Je laisserai de côté, comme je l'ai dit au début, les essais appelés à disparaître, que les intéressés pourront, dans chaque cas particulier, rétablir à leur guise; je ne m'occuperai que des nouveaux essais qui paraissent assez sérieux pour devoir figurer un jour dans tous les cahiers des charges, mais dont l'efficacité absolue n'est pas encore reconnue d'une façon générale., En demandant seulement à ces essais d'établir l'identité d'un produit déterminé avec un produit similaire reconnu