Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 133]

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PROCÉDÉS d'ESSAI

DES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

par exemple, où la réception des chaux sera astreinte à des règles uniformes, cette industrie se transformera ; un bien petit nombre d'usines aujourd'hui livrent d'une façon régulière des chaux à peu près convenables. La fabrication des ciments naturels fera sans doute également de grands progrès. Cette unification serait particulièrement importante pour le petit consommateur qui ne veut pas ou ne peut pas faire d'essais et doit accepter les produits qui lui sont livrés, quelque mauvais qu'il soient,

variété dans les tentatives faites et cela, que l'on procède par voie scientifique ou empirique. Prenons un exemple les recherches sur la porosité des mortiers, par exemple, ont certainement un grand intérêt pratique. Il serait très utile de savoir dans quelle mesure cette propriété dépend

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sans avoir aucun recours contre le fabricant. Une fois des

règles générales admises, tout produit incapable d'y satisfaire pourra être réputé de mauvaise qualité, de même qu'aujourd'hui en France tout gaz d'éclairage qui ne satisfait pas aux conditions du cahier des charges de la ville de Paris est réputé mauvais. Pour le producteur il y a intérêt à ce que les différents consommateurs qu'il fournit ne lui imposent pas de con. ditions différentes, car la variété dans la fabrication, qui en est la conséquence, ne peut qu'élever le prix de revient. Il a surtout intérêt à ne pas se voir imposer, par le caprice

d'un consommateur ignorant, des conditions parfois absurdes, ou tout au moins contradictoires avec la bonne qualité du produit demandé.

Mais si l'intérêt que peut présenter l'unification des méthodes d'essai est évident, il ne faudrait pas par une généralisation trop hâtive vouloir unifier du même coup toutes les autres expériences que l'on peut faire sur les ciments : expériences de recherches scientifiques ou pratiques et expériences d'identification. Il existe malheureusement une tendance trop accentuée dans cette direction, on ne saurait trop énergiquement réagir contre elle. Unifier les méthodes à employer dans les expériences de recherches équivaudrait dans bien des cas à la négation même de semblables recherches ; cela rendrait en

tout cas tout progrès impossible. Oui dit recherche dit

de la composition du mortier, dans quelle mesure elle provoque leur gélivité ou leur altération à l'eau de mer. Va-t-on fixer arbitrairement, une fois pour toutes, la

nature et la qualité du sable, la proportion d'eau à employer ? mais c'est alors interdire toute espèce de recherches sur les mortiers véritables, sur ceux qui servent dans les travaux. Va-t-on se contenter de rendre obligatoire telle ou telle Méthode expérimentale pour mesurer cette porosité ? Mais l'on ignore aujourd'hui les conditions dans lesquelles il faut se placer pour enlever l'eau d'interposition d'un mortier sans toucher à l'eau de combinaison ; une semblable unification conduirait très certainement à imposer un procédé de mesure inexact. Les chercheurs, savants ou ingénieurs, qui veulent étudier les mortiers, ne doivent, pour travailler d'une façon efficace au progrès de nos connaissances, accepter d'autres règles que celle de leur inspiration personnelle. Sur les expériences d'identification, l'unification peut sembler plus défendable ; ces expériences ont le même but que les méthodes d'essai, celui de donner au consommateur des garanties sur la qualité des produits que lui livre le fabricant. En fait, l'utilité de cette unification est aujourd'hui très généralement admise. Mais si au lieu de se contenter d'examiner superficiellement la question

OR veut entrer dans les détails, on reconnaît bien vite qu'une semblable unification est généralement impossible et que, dans tous les cas, elle est plutôt nuisible qu'utile. Veut-on s'assurer qu'un produit est bien de telle nature

déterminée, portland ou autre, qu'il a été fabriqué dans certaines conditions, le plus simple est évidemment de