Annales des Mines (1893, série 9, volume 3) [Image 340]

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L'INDUSTRIE DES HUILES DE SCHISTE

COMPARAISON DES INDUSTRIES FRANÇAISE ET ÉÇOSSAISE

ET PERFECTIONNEMENTS A INTRODUIRE DANS L'INDUSTRIE FRANÇAISE DES HUILES DE SCHISTE.

Au point de vue du mode et des frais d'extraction du schiste, la comparaison des industries française et écossaise est tout à l'avantage de la première : le prix de revient de la tonne de schiste qui est en moyenne de 6',87 en Écosse n'est en effet chez nous que de 4,20 au

mètre cube, soit 3,50 à 4 francs la tonne suivant

la

densité. Nous ne croyons pas qu'il y ait à gagner de ce côté-là dans nos exploitations, ce prix de revient étant très bas, en valeur absolue, dans l'échelle des industries minières; nous avons vu d'ailleurs que, depuis vingt-cinq ans, mal-

gré les efforts faits pour abaisser le prix de revient, celui du minerai est resté presque stationnaire. En ce qui concerne les procédés de rectification, à part l'emploi de la vapeur d'eau surchauffée toujours avantageuse dans le fractionnement d'huiles peu riches en lam-

pant, et qui est pratiqué d'ailleurs dans les raffineries

de pétrole brut russe, nous ne voyons pas d'amélioration à puiser dans les procédés écossais. Il n'en est pas de même pour les procédés de distillation du schiste qui .sont la caractéristique actuelle de l'industrie écossaise et qui se distinguent complètement du procédé français par l'intervention de la vapeur d'eau surchauffée injectée en grande quantité dans la masse deschiste et par le chauffage progressif du schiste, faible au début du chargement dans le haut des cornues et finissant par le rouge blanc dans le bas dé l'appareil en briques réfractaires, température que ne peuvent atteindre les cornues françaises en fonte. Déjà, dans les expériences relatées dans les rapports

EN FRANCE ET EN ÉCOSSE.

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de MM. Chosson et Tournaire, on avait constaté(*) que la

présence de l'eau dans les schistes paraissait jusqu'à un certain point favoriser la formation des huiles, et, d'autre part, M. Tournaire avait, dans des distillations de

laboratoire poussées à une température supérieure à celles des fours industriels, obtenu un rendement en huile brute très supérieur à celui des fours Mal° (jusqu'à 8ut,2 par 100 kilogrammes de schiste) et aussi à celui des cornues actuelles; et cependant ses résidus perdaient encore 13 p. 100 de leur poids par calcination, ce qui semblait prouver que le rendement maximum n'était pas atteint.

Sans vouloir prétendre que, dans l'appareil écossais, les schistes français donneraient un rendement comparable à celui des schistes anglais, dorit la différence d'aspect par rapport aux nôtres dénote à elle seule une bien plus grande richesse en matière bitumineuse, il semble que l'on peut conclure des expériences de MM. Chosson et Tournaire et des résultats obtenus en Écosse qu'une distillation progressive terminée à très haute température augmenterait notablement le rendement des schistes de Buxières et d'Autun. Bien qu'il soit impossible de

réaliser les conditions de la distillation pratiquée en Écosse, dans un appareil de laboratoire, nous avens essayé de nous rendre compte du rôle de la vapeur d'eau en distillant du schiste de Buxières dans des cornues de

grès d'un litre de capacité, d'abord sans vapeur d'eau, puis, dans une deuxième opération, avec injection de vapeur d'eau surchauffée. Nous avons opéré sur du schiste prélevé dans une opération qu'a bien voulu faire spécialement à notre demande M. Roux, ingénieur des mines et usine de Buxières-les-Mines et la Courolle, pour

obtenir exactement le rendement industriel du schiste (*) Annales des mines, 1871, t. XX, p. 360 et .143.