Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 348]

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690 LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

RÉCAPITULATION DU NOMBRE D'ACCIDENTS DE GRISOU

SURVENUS A ANZIN DE 1811 A 1892.

La récapitulation du nombre d'accidents de grisou survenus à Anzin, pendant les cinq périodes que nous avons considérées, donne le tableau suivant

_No,,BRE PÉRIODES

NOMBRE DE VICTIMES

EXTRACTION

d'accidents

Tuées

Blessées

dre.W:ilentiRmEes

par million

Total

de tonnes

63 28

19,32 1,79 3,94 1,45 0,13

tonnes. 1811 - 1823 1824 - 1852 1853 - 1874 1875 - 1883 1884 - 1892

3.262.000 15.618.000

10 6

25 14

14

28 . 408 .000

16

08

19.271.000

7

11

44 '17

22 .960.000

2

2

38

1

112 28 3

,

La merveilleuse invention de Davy, introduite à Anzin

en 1823, eut pour résultat de réduire de 90 p. 100 le nombre des victimes du grisou ; la découverte des explosifs de sûreté, encore toute récente, semble devoir produire des résultats aussi heureux, et les membres de la Commission des substances explosives peuvent, au mênw titre que Davy, compter sur la reconnaissance des travailleUrs de la mine. Le dernier chiffre du tableau cidessus est, en effet, très rassurant. Malheureusement

nous ne savons pas ce que nous réserve l'avenir. Les mineurs de l'époque actuelle ont entre les mains des armes excellentes dues au progrès de la science, mais ils ne doivent point oublier que l'ennemi n'a pas désarmé et qu'il faut toujours compter avec des retours offensifs comme ceux que nous venons de signaler à Réussite en 1890 et à-Bleuse-Borne en 1892.

LE GRISOU AUX MINES n'ANznv. 1810-1892.

691

Nous avons terminé cette longue étude sur le grisou aux mines d'Anzin, de 1811 à 1892, et nous demandons pardon à nos lecteurs de la monotonie qui règne dans la plupart de ces récits de tristes accidents. Nous avons pris l'art des mines pour ainsi dire dans son enfance au moment où la lutte contre le grisou était très meurtrière et nous avons montré les évolutions successives par lesquelles il a passé pour arriver aux trois grandes découvertes que la science a réalisées dans ce siècle pour la protection du mineur : la lampe de sûreté au point de vue de l'éclairage, le ventilateur mécanique au point de vue de l'aérage, l'explosif de sûreté au point de vue du sautage des coups de mine.

D'autres continueront plus tard l'historique des progrès réalisés dans les mines, et ces progrès seront certainement

nombreux. On trouvera sans doute bientôt une lampe électrique de mineur (*), cette lampe servira peut-être elle-même à l'allumage des coups de mine, on découvrira aussi des explosifs plus puissants et détonant à une tem-

pérature plus basse encore. Mais nous ne croyons pas être téméraire en disant que l'opinion émise par nos anciens en 1811 et que nous avons citée au début de notre étude sera toujours considérée comme une opinion très sage

« Le meilleur moyen connu et employé pour paralyser les effets du grisou est de faire circuler l'air avec vivacité dans tous les lieux où sa présence se fait remarquer. » ,Anzin, décembre 1892.

(*) Nos essais sur la lampe électrique Stella n'ont donné que

des résultats médiocres.