Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 300]

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DÉGAGEMENTS INSTANTANÉS DE GRISOU

AUX MINES DE BESSÉGES.

Dans la plupart des cas, les lampes des ouvriers du chantier furent éteintes ; dans certains cas, le grisou se répandit assez rapidement et assez loin pour que les lampes d'autres ouvriers fussent éteintes. Ainsi, dans le dernier dégagement, survenu le 13 novembre 1891 à la galerie du neuvième étage de la couche Saint-Denis, avancement nord, les ouvriers du chantier même qui purent se'retirer sur la plaque dans la bacnure du neuvième, à 17 mètres seulement du chantier, n'eurent pas leurs lampes éteintes; au contraire , sur onze lampes qu'avaient les ouvriers de la taille entre le neuvième et

qu'on toucha au charbon et souleva de 0",60 la dernière longueur de voie posée dessus. Quant au volume de gaz dégagé, il est très variable. Pour le dégagement du 10 novembre 1890, on a pu estimer à 800 mètres cubes environ la quantité dégagée

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le huitième étages, jusqu'à la bacnure du huitième et dans celle-ci, c'est-à-dire sur une longueur de 360 mètres dans le sens du retour d'air, dix lampes furent éteintes.

La plupart de ces dégagements ont été accompagnés

de renversement ou de détachement d'une partie

du

charbon, soit du front de taille seulement, soit aussi des parements, soit enfin de la sole, lorsque l'on avait dégagé la couche au toit. Dans plusieurs cas les ouvriers, au moment où ils ont entendu les bruits précurseurs des dégagements, ont pu voir, avant de quitter le chantier,

dans les 150 premières secondes, et à 5.000 mètres cubes le volume total dégagé en douze heures ; c'est-à-

dire que le dégagement n'est pas toujours limité aux premiers instants.

Pour ce qui concerne la nature du gaz, il est à noter que le grisou a été fréquemment accompagné d'acide sulfhydrique, lequel se dégage du reste de temps à autre du charbon en travail courant, incommodant sérieusement les ouvriers, qui sont au contraire peu incommodés par le grisou , lorsque celui-ci n'est pas en trop forte proportion. Dans. la plupart des cas, le charbon, à environ 20 à 23 p. de matières volatiles, des chantiers où se sont produits les dégagements, était très tendre et friable, et la partie projetée, formée de .menu. Cependant,

,dans quelques cas, le charbon était devenu plus dur à .l'endroit où s'est produit le dégagement. Dans aucun

le front de taille venir sur eux en quelque sorte. La quantité de charbon ainsi projetée est, en général, en

.de ces dégagements, on n'a observé du charbon à l'état de suie. Un fait qui a été généralement observé

rapport avec la quantité de gaz dégagée, et elle a varié depuis quelques wagons jusqu'à une cinquantaine, soit

.dans ces dégagements et qui mérite certainement d'être noté, c'est que le charbon des parements, tendre avant le dégagement, s'est durci après, quelquefois au point

environ 50 tonnes. Cela représente évidemment un effort considérable, qui est confirmé, *dans certains cas, par des effets Mécaniques plus ou moins intenses. Ainsi, dans le dégagement du 13 novembre 189:1, quatre cadres ont été renversés et en partie brisés; un wagon, qui se trouvait à 1"',50 du front de taille, a été repoussé à 4 mètres et rempli de charbon, la galerie étant d'ailleurs entièreli

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ment bouchée par le charbon sur 5 mètres depuis le front de taille. Dans un autre cas, où l'on avait découvert le charbon par le toit, le dégagement se fit lors-

  • le devoir être travaillé au pic. La friabilité du charbon dans les chantiers à dégagement était tellement

grande qu'il était souvent impossible d'y maintenir un trou de sonde. Observons à ce propos que, dans aucun cas, les trous de sonde -n'ont empêché un dégagement, ,et qu'on admet à Bessèges qu'ils ne sauraient donner

une protection efficace. La même observation paraît pouvoir être faite à propos des dégagements de la Belgique, bien que les sondages y soient pratiqués et même