Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 60]

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hauts-fourneaux de Pittsburg et de Terre-Noire, on voit. .que le premier, de 534 mètres cubes de capacité, traitant du minerai à 62 p. 100 de fer, produit 330 tonnes de fonte par 24 heures, en consommant par tonne de fonte 840 kilogrammes de coke à 10 p. 100 de cendres. Le second, .de 92 mètres cubes de capacité, avec du minerai à 52-53 p. 100, produisait 51 tonnes par 2!A heures, et consommait par tonne de fonte 950 kilogrammes de coke à 16 p. 100 de cendres. Pour donner un exemple où les condi-

tions soient plus comparables, un haut-fourneau des Union Works de Chicago (*), qui traitait des minerais du lac Supérieur, analogue par conséquent à ceux de Pittsburg, avait 237 mètres cubes de capaCité ; il produisait

200 tonnes par jour, et consommait, par tonne de fonte produite, 830 kilogrammes de coke de Connelsville. Ce sont là des résultats remarquables, et qui expliquent que Potter, l'éminent métallurgiste de Chicago, ait pour les petits hauts-fourneaux une prédilection marquée. Mais ces considérations ne suffisent pas à faire pencher

la balance en faveur des petits hauts-fourneaux. L'économie de coke n'est qu'un élément de la question ; la consommation de combustible est un paragraphe important, mais non unique, du prix de revient, et c'est le prix de revient qu'un industriel aura toujours à considérer. Or, si l'on emploie de petits hauts-fourneaux, l'avantage réalisé sur le combustible est compensé par des dépenses plus élevées de main-d'oeuvre : il y aura donc là une mesure à garder, et, suivant les circonstances, l'un ou l'autre avantage l'emportera. A Pittsburg, ou le coke est à bas prix, et la main-d'oeuvre chère, on trouve un avantage sérieux aux grandes capacités. A Chicago, où la main-d'oeuvre est moins coûteuse, et le coke plus cher, c'est l'économie de coke qui a toujours préoccupé les (*) Appartenant à l'Illinois Steel Conzpany.

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métallurgistes. Et M. Potter préconise les hauts-fourneaux de 270 à 320 mètres cubes de capacité. C'est une balance à établir, et, suivant les conditions économiques de chaque district, on sera conduit à pencher d'un côté

ou de l'autre. D'autre part, les petits hauts-fourneaux se prêtent à des réparations peu coûteuses ; ils permettent donc d'effectuer aisément des corrections et de mettre à profit les enseignements d'une campagne précédente : il en résulte un avantage qui doit, pour un industriel désireux du progrès, entrer en ligne de compte. C'est dans le même esprit, et avec une préoccupation constante de tous les éléments qui concourent à l'établissement du prix de revient, qu'il faut traiter la question des allures rapides. L'inconvénient du soufflage à outrance, et de la production forcée, est, comme il ressort de la communication de M. Gayley, une usure rapide de la chemise réfractaire. Tandis qu'en Westphalie des hauts-fourneaux ont donné pendant plus de dix-sept ans des résultats satisfaisants, en Amérique il faut refaire tous les trois ans la cuve et les étalages. C'est là un résultat qui a effrayé nombre de métallurgistes, notamment des Anglais. Au congrès de New-York, plusieurs membres

de Piron and Steel Institute, entre autres M. Richards, n'ont pas ménagé leurs critiques à une méthode qui ne conduit à une économie de combustible qu'au prix de réparations et de frais d'entretien exorbitants. A. ces Critiques on peut faire une double réponse Et d'abord, les réparations fréquentes sont la pratique constante de l'industrie américaine. Il faut que le capital rapporte des intérêts élevés ; d'où une double conséquence : nécessité de forcer la production, et de réparer, de remplacer même un matériel dès qu'il n'est plus capable de fournir une production suffisante. Ceci est vrai de toutes les industries,; et souvent on voit des aciéries