Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 381]

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de Leyde produisait toujours l'inflammation. Nous avons constaté un phénomène analogue avec les étincelles que produisent les extrémités de deux rhéophores au moment de l'ouverture ou de la fermeture d'un circuit.

Si, dans le circuit se trouvent de fortes spirales inductrices, l'étincelle , même faible en apparence, met 1

aisément le feu à un bec de gaz. En revanche, lorsqu'aucune cause de self-induction ne vient accroître l'intensité de l'extra-courant, au moment du rapprochement ou de l'éloignement des deux extrémités du rhéophore, l'étincelle produite à cet instant est peu propre à mettre le feu aux gaz combustibles. Nous n'avons pu enflammer un bec Bunsen, alimenté par du gaz d'éclairage, avec l'étincelle provenant des deux extrémités du rhéophore d'une pile donnant un courant de

2 ampères, même en ajoutant dans le circuit un petit solénoïde qui rendait l'étincelle visiblement plus nourrie.

A plus forte raison, n'avons-nous pu mettre le feu au même bec Bunsen avec les étincelles que produisent les deux extrémités du rhéophore d'une des lampes à incandescence du système Pollack ou du système Stella. On peut donc regarder comme tout à fait nul le danger de l'inflammation de grisou par les étincelles électriques provoquées au moment de l'ouverture ou de la fermeture du courant dans une lampe portative. Conclusions. En somme, le seul danger que les lampes électriques portatives puissent faire courir au mineur, est celui qui proviendrait du bris de l'ampoule enveloppant le fil de charbon. Il est aisé de se prémunir efficacement contre cette cause de danger en envelop-

pant l'ampoule d'un verre épais analogue à celui dont on entoure la mèche dans la lampe Mueseler. Il importe d'ailleurs d'ajouter que, si l'on ne peut pas

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dire que les lampes électriques procurent au mineur une sécurité absolue, leur emploi, lorsqu'il sera devenu pos-

sible, n'en constituera pas moins un progrès considérable. On n'aura plus en effet à compter aveci-les extinctions si fréquentes actuellement ; on n'aura plus à redouter l'ouverture d'une lampe par iih ouvrier ; on n'aura plus à se préoccuper des dangers graves auxquels peuvent donner lieu, avec les lampes actuelles, des détériorations accidentelles souvent peu visibles et difficiles à constater ; on n'aura plus rien à craindre des courants d'air violents et irréguliers dont on n'est pas encore bien assuré qu'ils ne puissent mettre en défaut les meilleures,

lampes, dans des cas d'ailleurs extrêmement rares et

impossibles à prévoir. L'éclairage électrique des mines entraînera, il est vrai, des dépenses assez fortes de première installation, soit comme achat des lampes, soit comme installation des machines produisant l'électricité, niais le prix de revient restera peu élevé, et sans doute même inférieur au

prix actuel, si l'appareil n'éprouve pas de trop rapides détériorations. C'est actuellement le seul point qui reste encore douteux.

Si, comme on peut l'espérer, l'emploi des lampes électriques vient prochainement à remplacer dans les mines à grisou celui des lampes ordinaires de sûreté, il faudra se préoccuper de trouver un procédé avertissant le mineur de la présence du grisou. On pourra songer alors à utiliser l'indicateur électrique Liveing qui a été décrit dans les Annales des mines (*) par deux des membres de la Sous-Commission. (*) Note sur l'indicateur du grisou de M. Liveing, par MM. Mallard et Le Chatelier. Ann. des mines, 8' sér., III (1883), p. 31.