Annales des Mines (1890, série 8, volume 17) [Image 166]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCHS,

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR EDMOND FUCHS.

visite successivement des gîtes de fer, de manganèse, de cuivre, de plomb, notamment ceux du Djebel-Reças; il

creusant à travers cette barre un canal, dont M. Roudaire évaluait la dépense à 20 millions (M. de Lesseps prétendait même la réduire à moitié), on eut ramené les eaux marines, non seulement sur le Chott-el-Djerid, c'est-à-dire au sud de la Tunisie, mais encore sur les dépressions sahariennes du Chott-Rharsa et du ChottMelrir, qui s'étendent au sud de notre colonie algé-

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étudie des sables aurifères, fait en plein mois de juin l'ascension du Zaghouan, se rend au cap Carthage, où il se fait scrupule, tant il est pressé, de dérober à sa besogne le temps de visiter les ruines de la cité d'Annibal,

et finit par arriver à Tabarka. Là, il définit le premier les puissants gisements de minerai de fer de la côte de Kroumirie, non sans avoir été plus d'une fois insulté et môme gravement menacé par les indigènes, alors réfractaires à l'autorité du Bey.

Très satisfait des services de l'ingénieur français, le gouvernement tunisien lui demanda de revenir l'année suivante, et c'est ainsi qu'en 1874, après deux tournées, l'une à Chabrignac dans la Corrèze, l'autre en Italie; Fuchs se retrouvait, au mois de mai, dans cette Tunisie

qu'il fut tout surpris de revoir, pour un instant, verdoyante et fleurie, après l'avoir connue en juin si brûlée. Il retourna au Zaghouan, où il lui fallait surveiller luimême la construction d'un four à ciment. Puis, dirigeant

cette fois son attention vers la Tunisie méridionale, il partit pour Sfax, d'où il eut une satisfaction de lettré à contempler au large l'île de Calypso, et se mit en route pour le massif de Bou-Hedma, où on lui avait signalé des gîtes métallifères. Mais en même temps, d'accord avec

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rienne.

C'est cette idée, contraire à l'opinion nettement exprimée en 1872 par M. Pomel, que Fuchs voulut soumettre à un contrôle direct. Parti de Ghabôs par un soleil de juin, sans autres instruments que ses baromètres, ses

boussoles et un sextant, il arriva en vue de la SebkhaFaraoun, extrémité orientale de la Sebkha-el-Fedjed, qui elle-même termine à l'est le Chott-el-Djerid. S'il y fut témoin d'un superbe effet de mirage, qui fit revivre un moment devant ses yeux la trompeuse image d'un immense lac, cette agréable illusion ne l'empêcha pas de

découvrir que le niveau de la Sebkha, au fond couvert d'efflorescences salines, était à 20 ou 25 mètres au moins au-dessus de celui de la Méditerranée ; que la pente vers l'ouest était presque insensible, de sorte qu'il faudrait aller très loin pour rencontrer la cote zéro ; enfin que le seuil de Ghabès, dont les parties les plus déprimées lui parurent dominer la mer de 50 à 55 mètres, était formé, non d'al-

le premier ministre du Bey, le général Khéreddine, il résolut de profiter de ce voyage pour tirer au clair la question de la dépression saharienne. Cette question venait d'être tout récemment soulevée

luvions et de sables, mais de grès et de calcaires, en

par M. Roudaire, qui en lisant à sa manière

qu'avait de chimérique le projet d'introduire artificiellement les eaux de la Méditerranée dans la dépression située à l'ouest de la Sebkha, au prix d'une dépense qui

certains

textes historiques, avait cru pouvoir établir qu'autrefois le lac Triton (Palus Tritonidis des anciens) communiquait librement avec la mer. L'isthme de Ghabès n'aurait été, dans cette conception, qu'une barre d'alluvions récentes,

qui aurait peu à peu obstrué la communication.

En

couches nettement inclinées. Il montra ainsi, conformément aux idées de M. Pomel, qu'il n'avait jamais existé

de mer saharienne et mit en pleine lumière tout ce

lui semblait ne pouvoir être inférieure à 300 millions. Revenu en France, il fit sur ce sujet, le 16 août '1874, une communication à, l'Académie des sciences et, deux Tome XVII, 1890.

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