Annales des Mines (1890, série 8, volume 17) [Image 89]

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DES CHEMINS DE FER DE L'ÉTAT BELGE.

SERVICE DU MATÉRIEL ET DE LA TRACTION

appuie sur la poulie et la fait tourner en se déplaçant parallèlement à elle-même. Un petit miroir M permet d'apprécier la rotation du cylindre par la déviation d'un rayon lumineux. Cet appareil, fondé sur la friction, est très exact et sensible. Citons aussi un appareil de projection électrique grossissant 20 diamètres, et permettant d'étudier les cassures des métaux et les grains les plus fins.

et indiquer un allongement prédominant des fibres exté-

rieures. On peut faire la même remarque après rupture; la section est toujours creusée vers le centre (fig. 6). Ce fait est extrêmement remarquable dans les éprouvettes en plomb ; bien avant la rupture, il s'y forme une cavité centrale que rien ne fait soupçonner à l'extérieur ; après rupture, on y observe un cône vide qui a une longueur deux ou trois fois supérieure au diamètre de la section (fig.

Le banc Expériences sur la rupture des métaux. d'épreuves Kirkaldy a permis à M. Roussel de faire de nombreuses expériences sur la résistance des métaux. Il a notamment pu vérifier la loi de Saint-Venant, sur la distribution des forces moléculaires autour d'un point matériel. Des essais à l'écrasement, effectués sur des blocs de fonte et de bronze, ont montré la tendance de ces matériaux à se rompre suivant deux cônes qui se pénètrent mutuellement et qui ont leurs génératrices inclinées à 45 degrés (Pl. Y, fig . 5). Quelques-uns de ces doubles cônes sont extrêmement nets, grâce à l'homogénéité du métal, et à la parfaite égalité des pressions supportées par les deux bases. Ce résultat est on ne peut plus conforme à la théorie. Les essais à la traction ont confirmé ce fait, que la résistance spécifique d'un même métal à la rupture est à peu près constante quand les sections des éprouvettes sont géométriquement semblables, mais varie s'il n'en est pas ainsi. C'est ce que semble indiquer la tendance, observée dans toutes les éprouvettes, des fibres centrales à se rompre les premières ; en effet, s'il en est ainsi, la

proportion de ces fibres dépend de la forme de la section, et par suite aussi la solidité du métal. Ayant marqué sur un barreau de tôle des lignes parallèles, et ayant exercé sur ce barreau une traction capable d'en produire la striction mais non la rupture, on vit les lignes s'infléchir

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7).

On peut s'expliquer aussi, par la rupture des fibres

centrales, que les éprouvettes ne se rompent pas sous la pression maximum. Celle-ci produirait seulement la rup-

ture des fibres centrales ; la section résistante se trouvant par là réduite, la rupture définitive pourra avoir lieu sous une charge moindre.

Il semble, d'après ce qui précède, qu'on puisse comprendre ainsi les phénomènes de striction. A partir du moment où l'on a dépassé la limite d'élasticité, l'allongement d'une ou de plusieurs parties des éprouvettes (car on en observe qui ont jusqu'à trois strictions simultanées) devient prédominant. Si l'on supposait chaque fibre indépendante des autres (fig 8), il se produirait en elle le phénomène qu'on observe en étirant un fil de verre fondu, c'est-à-dire une forte contraction. Au voisinage du point prédisposé pour la striction, les fibres cesseraient d'être en contact, mais leurs axes resteraient parallèles et leurs allongements égaux dans la même .

section. A. cause de la cohésion qui existe entre les fibres, il ne saurait en être ainsi; l'axe de la fibre centrale (fig. 9)

reste seul rectiligne, et les axes des autres fibres se courbent, d'abord dans un sens et plus loin dans l'autre,

de façon à rester normaux au plan de symétrie de la striction AB, et au plan CD à partir duquel on peut supposer que le phénomène n'a plus d'influence. Une ligne droite tracée initialement en travers du barreau, devien-