Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 239]

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DANS LA RÉGION D'HUELVA.

L'INDUSTRIE DU CUIVRE

PREMIÈRE PARTIE. HISTORIQUE.

La première exploitation des mines de la région d'Huelva paraît remonter à la population, dite celtibère, qui occupa le sol de l'Espagne avant même la venue des Phéniciens. On a en effet trouvé à diverses reprises, au-

près des gisements de ce pays, des outils de la pierre polie qui correspondraient à une période où le cuivre, déjà employé, n'avait encore que des usages restreints; ainsi en 1845, dans la mine de Potosi, près du village de Guadalcanal, dix-sept squelettes humains avec des haches

de pierre, des os travaillés, etc... ; en 1858, des restes analogues dans la mine de la Cala ; d'autres encore près des gisements métallifères de la Sierra de Tejada, etc. (*)

On peut placer vers le Xie siècle avant Jésus-Christ la découverte de l'Espagne par les Phéniciens, découverte

qui paraît avoir été pour ces peuples d'une importance comparable à celle du Mexique et du Pérou pour les Espagnols vingt-cinq siècles après. On sait la valeur qu'at-

tachaient au cuivre, dont ils faisaient le bronze, les peuples primitifs. Les travaux préhistoriques les plus récents ont bien montré que le bronze était pour ces tribus celtiques, arrivées d'Orient vers cette époque après les hommes des dolmens, un métal sacré qu'ils conservèrent de préférence au fer même longtemps après qu'on

leur eût appris l'usage de celui-ci. Les Phéniciens, grands commerçants en métaux (**), faisaient alors du (") On est surpris quand on passe en revue les gisements importants de cuivre, d'étain et d'or, de voir combien fréquemment on y a rencontré des traces d'exploitations très anciennes (voir Bapst, l'Étain, p. 16, etc.). Cl Les Phéniciens paraissent avoir connu, vingt siècles avant

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cuivre un trafic important. En outre, les mines de la région d'Huelva devaient leur fournir les métaux précieux, or et argent, que la masse entière renferme seulement en petites quantités, mais qu'on savait déjà chercher péniblement dans certaines veines minces où ils se concentrent. Les richesses en or et en argent que Tyr retira de la Bétique frappèrent d'admiration les écrivains anciens, qui se livrent sur ce point à des exagérations manifestes, parlant d'ancres en or et en argent, de meubles d'argent échangés contre les objets les plus vulgaires. Nous verrons pourtant un peu plus loin que les commentateurs les plus autorisés de la Bible ont cru pouvoir identifier l'Espagne, et spécialement la région d'Huelva, avec la fameuse Tharsis de l'Écriture sainte, d'où les flottes de Salomon et d'Hiram, roi de Tyr, rapportaient tous les trois ans les richesses destinées à être entassées dans le temple de Jérusalem. L'habileté de ces premiers Espagnols dans l'art des mines et la métallurgie, vantée par Diodore de Sicile et Pline,

était assez connue pour que, d'après Hcefer, il

faille faire venir le nom même d'Espagne du phénicien spanja ou de l'hébreu sapam, qui signifie ouvrier mineur (au propre, lapin). Nous avons d'ailleurs une preuve positive des connaissances métallurgiques très avancées que les Phéniciens apportèrent d'Asie en Bétique, ce sont leurs scories formant à Rio-Tinto un lit distinct au-dessous des scories romaines caractérisées elles-mêmes par des médailles.

Ces scories, manifestement traitées pour cuivre, indiquent en effet, par la présence d'une certaine quantité de plomb, introduit dans la fusion d'un minerai qui n'en contient pas, la connaissance du procédé d'extracJésus-Christ, le fer qui était employé en Égypte depuis un millier d'années et qui arriva en Grèce 500 ans plus tard.