Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 320]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

vités, dans leurs voyages, à en étudier les machines, le matériel et les installations; parfois même des mémoires leur avaient été demandés sur ces sujets. Mais à mesure que les chemins de fer prenaient plus de développement, que leur industrie constituait au point de vue technique un corps .de doctrine, le besoin d'un enseignement spécial se faisait d'autant plus sentir que les ingénieurs des mines étaient appelés à être attachés au contrôle des voies ferrées. Au début de 1846, le conseil de l'École avait adopté, de concert avec Bineau, un programme de leçons sur « la partie métallurgique et l'exploitation des chemins de fer », leçons qui devaient être placées en

troisième année et que le conseil comptait voir faire par cet ingénieur, chargé spécialement, auprès de l'administration supérieure, d'un service dont l'intitulé projeté des leçons rappelait le titre et la nature. A défaut de Bineau absorbé par ses occupations administratives, Couche (*) inaugura ces conférences en 1846-1847 à la suite d'une décision du 17 octobre 1846; telle fut l'origine du cours que cet éminent ingénieur devait professer d'une

façon si magistrale pendant trente ans. Le conseil avait tout d'abord insisté pour que ces conférences n'eussent pas une forme théorique, mais consistassent exclusive(*) Couche, né le 24 juillet 1815, mort inspecteur général le 24 juillet 1879, a laissé dans l'industrie des chemins de fer un souvenir qui reste encore vivant, grâce à son célèbre traité, publié de 1867 à 1874 sous le titre de : Voie, matériel roulant et exploitation technique des chemins de fer ; « ces trois volumes compactes résument trente années de son existence », a dit avec juste raison M. Vicaire, l'un de ses successeurs à l'Ecole, dans la notice qu'il lui a consacrée (Annales des mines, 70 série, t. XVII). En s'attachant aux questions de principe plus qu'aux descriptions de détail, Couche a assuré à son oeuvre une durée plus grande. Son traité permet d'apprécier la nature et la portée de son enseignement dont la valeur au fond était relevée par une grande habileté de diction et par un esprit original et incisif qui a valu à Couche, au cours de sa carrière, plus d'ennemis que d'amis.

NOTICE HISTORIQUE.

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ment en un exposé de faits pratiques et de détails de .construction. Mais sous l'incitation de Dufrénoy qui paraît, dans la circonstance, être intervenu en dehors des vues du conseil, l'administration créait quelque temps après, sous un autre régime gouvernemental il est vrai; par décision du 24 mars 1848, un cours de construction qui devait être réuni à celui des chemins de fer ; l'ensemble, en quarante leçons, était établi suivant un programme qui devait rester sensiblement le même jusqu'à la disjonction de ce cours, en 1879, dans les deux cours actuels de construction et de chemins de fer (*). Vers la même date étaient instituées, par décision du 31 mars 1848, vingt leçons de paléontologie, comme annexe de la géologie, sans examen spécial; l'examen et la note devaient rester confondus avec ceux de la géologie. Le développement donné à la paléontologie n'avait pas été sans soulever des protestations au sein du conseil, et, plus tard, dans la commission spéciale de 1848, on craignit qu'on ne détournât l'École de sa destination

en faisant des naturalistes plutôt que des ingénieurs. Quelques années après, en 1851, lorsque le cours avait été à nouveau régulièrement reconnu par l'arrêté dé 1849, le conseil, amené à discuter le programme de ce (*) Quelques jours avant la création de ce cours, une dépêche ministérielle du 21 mars 1848 signalait « qu'il serait utile que les ingénieurs des mines ou au moins ceux que la disposition de leur esprit porte vers les travaux industriels, tout en perfectionnant leur instruction scientifique dans des voyages d'exploration, pussent suivre pendant un certain temps les détails de l'exploitation des chemins de fer, les grands ateliers de construction des locomotives et du matériel de ces voies de communication. » Ce fut là l'origine du voyage ou plutôt de l'excursion de pre-

mière année organisée par décision du 14 juillet 1848 sur les chemins de fer rayonnant autour de Paris. Cette excursion, qu'on ferait mieux encore d'appeler une promenade, fut maintenue jusqu'en 1856.